Le Quotidien du pharmacien.- Les femmes sont majoritaires à l’officine. Est-ce la conséquence de l’évolution du métier, plus centré sur le patient ?
Carine Wolf-Thal.- C’est un fait que la profession officinale est largement féminisée. Cela reflète une tendance que nous retrouvons dans la société. Culturellement, la prise en charge des soins, de la santé de la famille est dévolue aux femmes. En ce qui concerne les titulaires d’officine, les jeunes générations osent de plus en plus entreprendre. On leur en donne aussi les moyens. Elles sont soutenues, y compris dans leur vie privée, au sein de leur couple. Il s’agit d’une évolution sociétale favorable à la carrière des femmes. L’exercice libéral le permet sans doute encore plus que dans les grandes entreprises. Il leur est plus facile d’accéder à la liberté d’entreprendre. De manière plus générale, c’est un fait que l’évolution du métier attire de plus en plus dans la mesure où il est possible d’exercer dans les territoires, à proximité de ses attaches familiales.
Les violences contre les soignants ne fragilisent-elles pas la profession, les officinales étant encore plus exposées que leurs confrères ?
Il s’agit d’un vrai sujet pour l’Ordre qui accompagne tous les pharmaciens victimes de violences avec une attention toute particulière aux femmes qui exercent seules. Nous mettons en place des formations par le biais de conventions avec les forces de l’ordre et des référents ordinaux dédiés à la sécurité qui sont présents pour accompagner leurs confrères quand une agression s’est produite. L’Ordre peut, par ailleurs, informer les juridictions compétentes de sa volonté de se porter partie civile. Nous travaillons également avec ADOP, l’association d’écoute et de conseil des pharmaciens en difficulté. Parallèlement, nous encourageons tous les pharmaciens, et encore plus les femmes exerçant seules, à s’équiper de dispositifs d’alerte en cas d’agression, de portes automatiques avec sens interdit… J’attends aussi beaucoup de la loi en faveur de la protection des professionnels de santé, initiée par Agnès Firmin-Le Bodo, lorsqu’elle était ministre. Le Sénat va la remettre à son calendrier, car cette agressivité est insupportable.
L’Ordre des pharmaciens a été le premier ordre à s’être investi officiellement contre les violences sexistes et sexuelles. Quelles sont les raisons de cet engagement ?
L’officine a toujours été un lieu de confiance et de recueil de la parole. La pandémie l’a une nouvelle fois démontré. Les pharmaciens étaient alors les seuls professionnels de santé totalement accessibles, il suffisait de pousser la porte de l’officine. Avec le Cespharm, des outils ont été finalisés pour aider les pharmaciens, parfois démunis, à orienter les victimes (voir page 6 N.D.L.R.). Aujourd’hui, nous travaillons sur la question de la soumission chimique révélée par le procès Mazan. Le réflexe des victimes est de se tourner vers le pharmacien puisqu’il s’agit souvent de mésusage de médicaments. En lien avec le CRAFS* nous élaborons des outils permettant aux pharmaciens d’accompagner les victimes. Sur ce sujet, nous avons déjà réagi sur les fameux tests de détection dans les boissons, en invitant les pharmaciens à la prudence et en les incitant à orienter les victimes vers des analyses biomédicales, exploitables en cas de procédure, et permettant d’entrer dans le bon parcours. À l’approche de la journée de la femme, je tiens à saluer le rôle majeur tenu par les pharmaciens dans l’accompagnement de la santé des femmes tout au long de leur vie.
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