Après 33 jours de campagne de vaccination antigrippale, on dénombre 8,4 millions de doses délivrées en pharmacie, dont les deux-tiers ont été injectés sur place. C’est 29 % de plus que l’année dernière et 17 % de plus qu’en 2023 et 2022. Il faut remonter aux années post Covid pour trouver un score supérieur : en 2020, 10,4 millions de doses avaient été délivrées à cette date, 9 millions en 2021.
Un rythme soutenu par le vieillissement de la population donc mais qui occulte une grave lacune dans la couverture vaccinale des plus de 65 ans, comme le souligne David Syr, directeur général de GERS Data. Ainsi parmi les seniors, pourtant ciblés prioritairement par la campagne vaccinale, seule la moitié s’est fait vacciner contre la grippe à ce jour. « Certains pensent sans doute qu’ils doivent attendre afin de pouvoir compter sur une efficacité du vaccin plus tardivement dans la saison grippale », analyse David Syr, notant cependant que cette couverture est inférieure au niveau atteint en 2019. A contrario, dans les classes d’âge plus jeunes, les Français se font désormais davantage vacciner contre la grippe. « Le défi des équipes officinales est d’aller chercher les personnes de plus de 65 ans et de les convaincre de l’importance de la vaccination, il s’agit d’un enjeu de santé publique », insiste le directeur général du GERS Data.
Moteurs de croissance
Ces données sont corroborées par les statistiques diffusées par IQVIA- Pharmastat sur la base des données remontées par les pharmacies. « Avec 7,93 millions de doses contre 6,54 millions à la même époque, cela représente une hausse de 21 % des vaccinations. Le nombre d’actes de vaccination réalisés en pharmacie est également en hausse : près de 5 millions contre 3,5 millions à la date du 20 novembre 2024. La mobilisation des pharmacies a d’ailleurs augmenté : 18 360 qui participent à cette campagne 2025-2026 contre 17 141 en 2024-2025, soit 92 % du réseau contre 85 %. Une mobilisation conséquente du réseau officinal. »
Ces performances de la vaccination antigrippale à l’officine s’inscrivent de manière plus générale dans un véritable boom des vaccins à l’officine. Sur un chiffre d’affaires en hausse de 4,8 % depuis janvier, les vaccins sont en effet le deuxième contributeur à la croissance, juste après les médicaments de prescription obligatoire, selon GERS Data. Leurs ventes ont augmenté de 74,7 % en un an pour atteindre 1,4 milliard d’euros au cours de ces dix premiers mois 2024. Vaccins antiviraux et vaccins antibactériens figurent d’ailleurs dans le top 3 des cinq classes en croissance sur le marché des produits remboursables. Au cours de ces dix premiers mois, les ventes de vaccins antiviraux ont augmenté de 325 millions d’euros, le Shingrix représentant à lui seul un chiffre d’affaires de 385 millions d’euros. Quant aux vaccins antibactériens, ils augmentent leur chiffre d’affaires de 168 millions d’euros, tirés par les ventes de vaccins contre les méningocoques.
Récession du réseau, explosion du chiffre d’affaires
Alors que le réseau officinal a perdu 11 % de ses officines au cours des dix dernières années, son chiffre d’affaires croît de 2 milliards d’euros par an depuis 2020, pour atteindre vraisemblablement 48 milliards d’euros en fin d’année, selon les projections de GERS Data. Par conséquent, de 19 496 pharmacies aujourd’hui, le réseau devrait en compter 17 000 en 2035 tandis que le chiffre d’affaires moyen d’une officine augmente à un rythme de 3,9 % par an depuis 2014 à 2,5 millions d’euros cette année. L’attrition du réseau et le poids croissant des médicaments onéreux (plus de 468,97 euros) et des produits chers (plus de 1930 euros) dans le chiffre d’affaires sont les principaux facteurs de cette évolution. Il n’en reste pas moins, comme le souligne David Syr, directeur général de GERS Data que « la santé financière est dans l’œil du cyclone, les titulaires se questionnant de plus en plus sur la capacité de leur entreprise officinale à perdurer », tant l’équilibre et la dynamique du réseau sont aujourd’hui difficilement perceptibles à travers ces statistiques.
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