Comment en êtes-vous venu à présenter vos différents scénario au ministère de la Santé?
Quand l’annonce est tombée, la presse a parlé de pertes de 100 millions d’euros, avec une baisse du plafond à 20 % sur une année, pour le réseau national. Les syndicats, qui avaient des doutes, m’ont demandé de calculer l’impact réel. Sur un panel de 10 000 pharmacies représentatif du réseau, nous évaluons les pertes à 550 millions d’euros sur un an avec une remise de 20 % ! Les statisticiens du ministère de la Santé ne pouvaient pas faire des projections aussi précises, car ils travaillent sur les données agrégées laboratoires et grossistes du CEPS, pas sur des données brutes, avec les remises effectives, molécule par molécule, génériqueur par génériqueur. Celles-ci vont de 2% à 40% par molécule. Nos 80 serveurs ont mouliné toute une nuit, boite par boîte, pour ce résultat. Prenons l’exemple de l’ésoméprazole 20 mg de Biogaran : le calcul du ministère aboutit à une remise pondérée nationale de 25%, soit une perte de 650 000 euros, avec les données brutes, la perte est de 1,3 million, soit le double.
Avez-vous pu calculer l'impact supplémentaire des remises des génériqueurs de rang 1?
Oui, c’est intégré dans notre calcul. Et c’est le deuxième élément qui explique la différence avec les chiffres agrégés du gouvernement. Même en partant des informations déclarées par les grossistes, le gouvernement n’a aucun moyen de savoir quel est le génériqueur de rang 1 et quel est l’impact sur les pertes. Seul le génériqueur détient cette information. Nous, tous les ans, en décembre-janvier, nos équipes recensent les politiques commerciales de tous les génériqueurs afin de les intégrer et de les appliquer pour chacune de nos pharmacies. Ces derniers jours, nous avons récupéré tous les documents commerciaux des génériqueurs qui entrent en application au 1er septembre. Cela nous permet de proposer à chaque pharmacie un tableau de bord pour visionner individuellement leurs pertes.
Quelles sont les typologies de pharmacies les plus impactées ?
Si l’on prend le plafond à 20% - qui sera applicable dans 2,5 ans – tout le monde perdra 42% de sa remise. Une petite officine qui enregistre un chiffre d’affaires de 100 000 euros en génériques va perdre moins en euros qu'une pharmacie qui réalise 500 000 euros en vente de génériques, mais si elle est plus dépendante des remises dans son modèle économique, elle sera très impactée. Tout le maillage est touché dès le premier jour, c’est-à-dire le 1er septembre avec l’application du plafond de remises de 30%. D’ici à juillet 2026, les pertes seront de 271 millions d’euros, ensuite elles seront de 414 millions entre juillet 2026 et juillet 2027 avec le plafond de 25%, puis de 558 millions avec le plafond à 20% . Sur 5 ans, il faudrait ajouter deux années de plus à 558 millions. Pour un pharmacien qui a monté son business plan sur 5 ans, cela change tout.
Vaccination à l’officine
Campagne grippe/Covid-19 : top départ le 14 octobre
Dispositifs médicaux numériques
Dépistage cutané en officine : l’Ordre alerte sur les faux négatifs
A la Une
18 septembre : pourquoi il faut faire grève
Mouvement « Bloquons tout »
Dans la Meuse, trois quarts des pharmacies en grève le 10 septembre