Lors de la présentation des bilans 2024, le réseau d’experts-comptables CGP a pointé une baisse de 3,80 % de l’excédent brut d’exploitation (EBE). L’évolution de la marge brute globale n’a pu, en effet, couvrir la hausse des frais généraux et des frais de personnels.
L’excédent brut d’exploitation (EBE), indicateur clé pour mesurer la rentabilité d’une officine, plonge de 3,80 points, en 2024. Il n’équivaut plus qu’à 10,13 % du chiffre d’affaires, contre 11,06 % un an auparavant, et même 14,94 % au sortir de la pandémie. En valeur absolue, cette chute est encore plus explicite. Les pharmaciens ont perdu en moyenne 10 000 euros d’EBE en un an.
Ces statistiques présentées par les experts-comptables du réseau CGP* font état d’une baisse générale sur le marché officinal. Elles sont toutefois à relativiser en fonction de la taille de l’officine, comme le présente Bastien Legrand, président du réseau : « Les officines d’un chiffre d’affaires inférieur à 1 million d’euros subissent un recul de 11 % de leur EBE tandis que leurs homologues d’un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros n’enregistrent qu’une baisse de 1 %, soit 5 000 euros en valeur absolue. » Pour expliquer ce décrochage du réseau officinal, le président de CGP poursuit son analyse : « Entre 2014 et 2024, l’EBE des pharmacies a progressé de 5 %. Cependant, sur la même période l’inflation cumulée est de 23 %. Par conséquent, en euro constant, la rémunération du pharmacien a baissé. »
De fait, au cours des dernières années, rapportée au coût de la vie, la rémunération officinale n’a cessé de s’amoindrir. La hausse des charges est la première responsable de ce phénomène. Elles ont augmenté sous la pression, +5,94 %, des charges externes (facture énergétique mais aussi contrats de leasing) et des frais de personnels (+ 5,61 %). Ceux-ci représentent 10,99 % du chiffre d’affaires contre 10,93 % l’année dernière, ou encore 38,8 % de la marge brute globale, et connaissent une hausse de 14 700 euros. Une hausse que n’a pu compenser l’évolution de 8 200 euros de la marge brute en valeur.
« Cette explosion des frais de personnels est-elle à mettre au compte de l’évolution de la grille tarifaire (+ 2 % en 2024) ou de l’augmentation du nombre d’équivalents temps pleins ? », interroge Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Pour le réseau CGP, ce n’est pas tant l’augmentation d’équivalents temps plein au sein des équipes officinales qui explique l’explosion des coûts salariaux que les évolutions de la grille tarifaire en 2023 répercutées sur l’année dernière. « Sans compter, insiste Bastien Legrand, que la protection sociale, sous l’influence de la hausse des complémentaires santé et de la prévoyance, coûte aujourd’hui plus cher. »
* Statistiques professionnelles de la pharmacie, Edition 2025 sur un échantillon de 1853 pharmacies. 4 165 pharmacies, dont 60 % ont un chiffre d’affaires supérieur à 2 millions d’euros, sont accompagnées par les 15 cabinets du réseau
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