Portrait

Émilie Thoby, la pharmacienne qui chante l’Alsace

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Publié le 13/02/2025
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Si elle pratique quotidiennement l’alsacien dans l’officine où elle exerce, Émilie Thoby sait aussi le chanter et l’actualiser : loin des clichés folkloriques de l’Alsacienne en coiffe noire, elle aime l’aciduler de teintes rock et folk… qui lui ont valu en 2024 de remporter un concours de chant et de composition en alsacien, organisé avec le soutien de plusieurs médias régionaux.

Thoby

Crédit photo : DDB

L’alsacien, c’est bien plus qu’un dialecte, car l’ouverture sur le bilinguisme est une ouverture vers le monde, estime la pharmacienne dont la famille, comme beaucoup d’autres, savait l’alsacien mais ne le parlait pas, car c’était « mal vu » dans les décennies d’après guerre.

Elle l’a donc en partie réappris par sa propre volonté, et en a découvert la richesse et la musicalité. « Comme j’aime les défis et que la pression me stimule, j’ai commencé à composer des chansons en alsacien, seule ou avec mon mari, et me suis inscrite au concours de l’OLCA, l’Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle », dit-elle. Plébiscitées par le jury comme par le public, ses deux chansons, une ballade intimiste sur le thème de l’abandon et l’autre, plus légère et dansante, sur la nostalgie de l’enfance, lui offriront la possibilité d’enregistrer un album de six morceaux dans un studio de France Bleu Alsace.

Une langue vivante

Adjointe à mi-temps à Roeschwoog, un village de 4 200 habitants des bords du Rhin, en Alsace du Nord, Émilie Thoby adore multiplier les activités et les découvertes. Musicienne depuis toujours et flûtiste diplômée du Conservatoire, elle a pratiqué, depuis son diplôme en 2013, « tous les métiers de la pharmacie », y compris le marketing, avant de rejoindre une officine proche de son village natal et de sa maison familiale. Au-delà du groupe qu’elle anime avec son mari, guitariste et psychologue, c’est aussi pour ses deux enfants qu’elle s’est lancée dans la composition en alsacien : « je sais que je ne le parle pas parfaitement, mais je voulais qu’ils voient concrètement que cette langue est vivante ». De plus, ajoute-t-elle, l’usage du dialecte, en plus de la langue nationale, est un formidable moyen de développer le cerveau des enfants. Elle a d’ailleurs mis ce principe en application dans leur vie : ils suivent un enseignement scolaire bilingue alsacien-allemand, mais parlent le français à la maison.

Tout en nuances

Le concours de l’OLCA attire chaque année une cinquantaine de candidats et donne un coup de jeune à l’alsacien, dont il révèle en outre toutes les subtilités. Dans le domaine de la santé d’ailleurs, les pharmaciens, comme tous les soignants qui le pratiquent, sont frappés des finesses qu’il permet d’exprimer, lorsque les patients décrivent un état, une douleur ou une impression, avec des mots intraduisibles, voire inexistants en français.

À l’officine, beaucoup de gens m’ont parlé de ma prestation lors du concours, et cela me donne encore plus envie de continuer

Émilie Thoby

« À l’officine, beaucoup de gens m’ont parlé de ma prestation lors du concours, et cela me donne encore plus envie de continuer avec des nouvelles chansons », poursuit-elle. Elle n’y parlera pas forcément de santé, mais entend mettre l’accent sur la nature et l’environnement… les produits naturels constituant d’ailleurs l’une de ses autres passions qu’elle entend cultiver.

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Pharmacien