La « mesure honnie des pharmaciens » figure bien dans le projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024, déplore l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). La dispensation à l’unité, introduite de manière facultative pour les antibiotiques en mars 2022, pourrait devenir obligatoire en cas de rupture de stock. Une idée « aussi candide que néfaste » que le syndicat s’attache à déconstruire.
Depuis des années, les pharmaciens et leurs représentants détaillent les raisons pour lesquelles la dispensation à l’unité (DAU) n’est pas une solution. Mais, « la promesse de campagne du candidat Macron en 2017 a décidément le dos dur ». Preuve en est avec le projet de rendre obligatoire la dispensation à l’unité en pharmacie en cas de rupture de stock, inscrit au PLFSS 2024. Pourtant, rappelle l’UNPF, « l’expérimentation de DAU menée de 2014 à 2017 n’a montré aucun bénéfice pour l’écologie, l’économie ni l’observance, concluait l’Académie de pharmacie en 2021 ».
Et le syndicat d’expliquer à nouveau : la DAU est « de fait, inadaptée aux formes liquides (à moins de généraliser le sachet-dose) et inutile lorsque les boîtages respectent la posologie, ce qui est le cas la plupart du temps ». Elle oblige les pharmaciens à « bricoler avec le cadre, pourtant bien établi dans notre pays, visant à assurer la dispensation du bon produit au bon patient, sa traçabilité et la garantie de son authenticité via la sérialisation ». Or les pénuries imposent parfois de « recourir à différentes marques pour une même molécule : en dispensant à l’unité des comprimés de marques hétérogènes, comment suivre les éventuels effets secondaires ? S’assurer que la notice imprimée et remise au patient correspond bien au traitement effectivement pris ? Le flou sera total ».
Autant la DAU est « judicieuse » dans le cadre des stupéfiants, autant « vouloir la généraliser relève de l’amateurisme ou d’une forme d’inconscience », affirme l’UNPF. Dans ce cadre, elle estime que cette mesure est à la fois chronophage, inefficace, inapplicable et « impossible à réaliser dans les conditions de sécurité requises pour les patients ». Et regrette que le dispositif revienne à « se délester d’un problème collectif sur les pharmaciens seuls, déjà plus que mobilisés au quotidien par la conduite de leurs missions historiques et nouvelles ».
La solution ? Une mobilisation collective reposant sur « la responsabilisation des patients, la juste prescription et la juste dispensation assortie des conseils d’observance ». Ainsi, en période de pénurie, préconise-t-elle de « demander aux médecins de prescrire plusieurs antibiotiques possibles, afin de permettre au pharmacien de dispenser au plus près des quantités disponibles ». Et plus généralement de donner la priorité à la réalisation des TROD. En ce sens, le syndicat tient à saluer une autre mesure du PLFSS 2024 permettant aux pharmaciens de délivrer un antibiotique après une TROD angine ou cystite positif.
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