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Deux tiers des pharmacies ont vu leur rentabilité baisser en 2024

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Publié le 30/04/2025
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La hausse du chiffre d’affaires moyen de la pharmacie française de 4,4 % en 2024 ne doit pas cacher une dégradation de la marge dans un contexte de hausse des coûts, dont les salaires, selon les experts-comptables de KPMG (désormais Rydge conseil). Près des deux tiers des officines enregistrent une baisse de leur rentabilité en 2024. L’effet des avancées de l’avenant-1 ne se fait pas encore sentir.

2024 a marqué le retour à une croissance contenue du chiffre d’affaires enregistré par le réseau officinal. Après des niveaux exceptionnels en 2021 et 2022, boostés par les nouvelles missions liées au Covid, puis un retour à la normale en 2023, le chiffre d’affaires moyen des pharmacies a progressé de 4,4 %. Il se situe désormais à 2,115 millions d’euros, selon les statistiques présentées par la branche expert-comptable de KPMG, qui devient Rydge conseil.

Toutefois, cette croissance de 4,4 % est très hétérogène, alors que 32 % des officines affichent un recul de leur activité, ce qui révèle un marché sous tension. Les disparités continuent, en effet, de se creuser au sein du réseau. L’écart est flagrant entre les 10 % d’officines, les moins performantes, qui voient leur chiffre d’affaires chuter de 5,3 %, et les 10 %, les plus performantes, qui connaissent une hausse de 15,5 %. « Ce sont elles qui tirent la moyenne de 4,4 % vers le haut », explique l’expert-comptable Emmanuel Leroy, associé et leader national santé.

Néanmoins, le chiffre d’affaires n’est plus le meilleur indicateur de la performance de la pharmacie. Cette hausse de + 4,4 % est, en effet, en grande partie liée à la délivrance accrue de médicaments chers, qui sont à faible valeur ajoutée économique pour l’officine. « En dehors des missions à taux de TVA 0 % (tests et vaccins qui reculent encore de 56 %), la progression retraitée du chiffre d’affaires atteint + 5,4 %, mais l’effet volume reste limité, explique Emmanuel Leroy. C’est la marge – et plus largement la rentabilité – qu’il faut désormais suivre pour mesurer la solidité d’une officine. »

Mauvaise nouvelle, la marge officinale est en repli de 1,1 % en valeur, « ce qui traduit une dégradation de la rentabilité brute », analyse Emmanuel Leroy. Le taux de marge, de son côté, chute à 28,2. Il est même à son plus bas niveau, depuis huit ans. « 10 % des officines affichent un taux inférieur à 24,5 %, témoignant d’une réelle fragilité structurelle pour une partie du réseau », analyse Emmanuel Leroy. « Ces écarts doivent inciter les titulaires à une lecture fine de leurs marges pour optimiser les leviers spécifiques à chaque officine ».

Cette dégradation de la marge intervient dans un environnement de coûts en hausse. Les charges externes – tels que les loyers pour les officines en centres commerciaux - augmentent (+ 6,2 %), les frais de personnel également (+ 4,9 %), dans un contexte d’inflation des salaires et de tensions persistantes sur le marché de l’emploi officinal. « Cette augmentation, plus modérée qu’en 2023 (+ 8 %), demeure significative, en lien avec la dynamique salariale conventionnelle et la nécessité de fidéliser les équipes », souligne les experts.

Tous ces indicateurs expliquent que la performance commerciale et de gestion (PCG), indicateur phare de rentabilité, recule de 7,6 % en moyenne. Elle retrouve ainsi son niveau de 2019, ce qui correspond à une stagnation sur les cinq dernières années. Près des deux tiers des officines enregistrent une baisse de leur rentabilité en 2024. Mais ce chiffre était de 84 % en 2023.


Source : lequotidiendupharmacien.fr