A partir de mai, Guillaume Paquin, titulaire de la pharmacie du Salève à Annecy, et président de Wellpharma, propose un nouveau parcours aux patients : la prévention et la vaccination du voyageur. « Deux familles ont déjà pris rendez-vous en amont de leurs vacances de juillet », confie-t-il. Le parcours prévoit deux rendez-vous : un premier dédié à la préparation du voyage, qui comprend l’analyse de la destination et des risques sanitaires, un bilan vaccinal pour chaque membre de la famille et des conseils sur l’hygiène, l’eau et les MST.
Un deuxième, pour administrer les vaccins requis selon la destination (aux plus de 11 ans), pour prescrire un antipaludéen, si nécessaire, et donner des conseils pour préparer une trousse de voyage. Le tout sans passer par un médecin. « Les Français sont en demande de parcours simplifiés, car les médecins traitants et les centres spécialisés de vaccination (CVI) sont surchargés, observe le président du groupement. De notre côté, chez Wellpharma, nous sommes très engagés dans les nouvelles missions et nous avons des espaces pour mener ces entretiens. Nous sommes prêts à élargir nos missions à la vaccination du voyageur, en plus du calendrier vaccinal. » Le prix de la consultation est fixée par le titulaire (environ 20 euros) et dure une vingtaine de minutes. Ni la consultation, ni les vaccins ne sont remboursés. Alors que les syndicats travaillent à une extension des compétences vers la vaccination du voyageur, le groupement déploie donc une phase d’expérimentation dès ce printemps. Le temps de former les premiers titulaires à « la prise en charge du voyageur ».
Un exercice coordonné
Ces douze premiers pharmaciens font tous partie d’une Maison de santé professionnelle (MSP) et ont signé un protocole local de coopération un médecin de leur MSP. « J’ai signé avec les 8 médecins de ma MSP, car je prends en charge leurs patients, même si un seul est identifié comme médecin délégant », explique Guillaume Paquin. Sur les ordonnances, sont identifiés la MSP, le médecin délégant et le pharmacien délégué. « Chaque titulaire a adapté le protocole à sa MSP, dans une relation interprofessionnelle sereine car tout le monde a à y gagner. Les médecins peuvent se concentrer sur leurs patients et nous élargir nos missions, comme on l’a fait pour la cystite et l’angine. »
Un protocole utilisé depuis un an à Narbonne
Ce protocole existait déjà. Il a été formalisé par Renaud Bourdin, titulaire de la pharmacie Bourdin-Cros à Narbonne (Aude) et déclaré à l’ARS il y a un an. Il a suscité grand intérêt, mais aussi des critiques de la part de certains médecins. En début d’année, le titulaire a reçu le soutien du Pr Jean-Paul Stahl, infectiologue au CHU de Grenoble, ancien expert de l’AFSSAPS* et de la Haute Autorité de santé (HAS), qui l’a aidé à améliorer le protocole. « Mon but étant de tirer la pharmacie vers le haut, je l’envoie à toutes les intéressées », témoigne-t-il. En un an, Renaud Bourdin estime avoir vacciné environ 500 personnes, venues d’Occitanie, mais aussi de plus loin lorsqu’il leur est impossible de trouver un rendez-vous dans un CVI.
Grâce à un partenariat avec le Laboratoire Valneva, Wellpharma a fait évaluer la faisabilité d’une expérimentation à plus large échelle. Le but est, en effet, d’élargir à des pharmaciens membres d’autres MSP, puis de CPTS (après validation par leur ARS). Valnena, producteur notamment du vaccin Ixchiq contre le chikungunya, a tout intérêt à soutenir de telles démarches.
Le pré-requis pour chaque titulaire de Wellpharma : être formé à la prescription des vaccins, pour les personnes âgées de 11 ans et plus, mentionnés dans le calendrier des vaccinations en vigueur (10h30 heures avec un organisme habilité). Puis, suivre une formation certifiante développée par Atoopharm, la filiale e-learning de la coopérative Welcoop, dont Wellpharma est lui même une filiale. Composée de 5 modules (7 heures), elle couvre l’ensemble des connaissances et gestes pratiques nécessaires « pour assurer une prise en charge sécurisée et conformes aux normes réglementaires », précise le groupement. « Je me suis formé et si nécessaire par la suite, d’autres membres de mon équipe le feront aussi », précise Guillaume Paquin.
Le pharmacien peut alors prescrire et administrer les vaccins contre les maladies à transmissions vectorielles, telles que chikungunya, dengue, encéphalite japonaise ou à tiques, sauf la fièvre jaune administrée uniquement en CVI ; les maladies à transmission hydrique ou alimentaire comme le choléra, la fièvre typhoïde, l’hépatite A, la leptospirose et la poliomyélite ; la maladies à transmission interhumaine telles que Covid-19, rougeole, tuberculose, infections invasives à méningocoques, Mpox, hépatite B… et enfin la rage. « Les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées sont, elles, redirigées vers le médecin traitant », précise Guillaume Paquin.
« Pour moi, l’enjeu est de constituer des stocks de tous les vaccins pour répondre à la demande sans rendez-vous », estime Renaud Bourdin. Il a ainsi pu vacciner contre le chikungunya des personnes partant à la Réunion. Guillaume Paquin, de son côté, est situé proche de l’aéroport de Genève. « D’où une forte demande en période touristique. » L’expérimentation de Wellpharma devrait durer au moins une année, pour pouvoir en tirer les leçons. « Après chaque parcours, nous envoyons au médecin délégant une note de synthèse des actes réalisés, explique-t-il, cela nous permettra aussi d’en tirer des statistiques. »
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