En ce début du mois d’avril, le village de moyenne montagne de Cozzano sort peu à peu de l’hiver. Depuis l’été dernier, l’antenne de pharmacie de cette commune corse accueille les patients tous les jeudis, le matin et l’après-midi. Une ouverture sous la forme d’une expérimentation, qui doit s’étendre sur une période de trois ans. La première antenne de pharmacie de France offre un réel service de proximité aux 280 habitants de Cozzano et aux résidents des villages alentour, contraints avant cela à de longs déplacements pour obtenir leurs traitements depuis la fermeture de l’officine du village il y a maintenant plus de 5 ans.
Titulaire de la pharmacie-mère, située à Santa-Maria-Siché, (à 30 kilomètres et 40 minutes de route de Cozzano), Vivien Delpoux est toujours convaincu de la pertinence du projet même si les débuts n’ont pas été faciles. « Quand l’antenne a ouvert, nous n’étions pas totalement opérationnels, cela s’est peut-être fait de manière un peu prématurée. Certains problèmes informatiques et logistiques n’ont pas été anticipés. Entre juillet et janvier, nous avons rencontré de grosses difficultés pour la télétransmission et la gestion du tiers payant », raconte le pharmacien. En effet, dans un premier temps, l’antenne de Cozzano n’était reconnue ni par Résopharma, ni par les caisses de l’assurance-maladie. « Nous avons eu des rejets en masse. Nous transmettions les ordonnances et deux ou trois semaines plus tard un message d’erreur nous était envoyé parce que les pièces justificatives n’avaient pas été reçues », explique Vivien Delpoux, qui a rapidement eu la crainte de voir les indus s’accumuler. « Il a fallu du temps pour identifier d’où venait le problème. Tout le monde se renvoyait un peu la balle… C’était en fait un problème d’encodage, aujourd’hui réglé. » Le problème des indus générés lors des premiers mois d’ouverture devrait être réglé assure le titulaire, qui a été rassuré « oralement » sur ce point par l’assurance-maladie. « On s’est tous rendu compte que la gestion d’une antenne n’était pas simple. Ce qui nous aurait fallu, c’est un suivi personnalisé, pouvoir compter sur un référent unique au niveau des caisses de l’assurance-maladie, quelqu’un qui puisse résoudre nos problèmes. À chaque fois que je dois les appeler, je tombe sur un interlocuteur différent et je constate bien que certains n’ont aucune idée de ce qu’est une antenne de pharmacie… », regrette le pharmacien corse.

Une soixantaine de demandes de patients traités par jour d’ouverture
Ces tracasseries administratives, aussi fastidieuses qu’anxiogènes, n’ont toutefois pas empêché l’antenne de se mettre en ordre de marche. « Cela ramène un service de proximité au village, cela crée une émulation. Nous essayons aujourd’hui de faire revenir des infirmières mais aussi de monter des équipes de soins primaires pour organiser des animations spécifiques lors du jour d’ouverture de l’antenne, notamment sur la vaccination ou le parcours santé », explique Vivien Delpoux. Renouvellement d’ordonnances, couches et produits pour bébé demandés par la crèche et l’école voisines, achats ponctuels de produits de parapharmacie… l’antenne traite environ une soixantaine de demandes de patients lors de son jour d’ouverture hebdomadaire. Un chiffre qui devrait augmenter avec l’arrivée des beaux jours et des touristes. « Au moment de l’ouverture, j’estimais qu’il nous faudrait environ 150 patients par jour pour être rentables. Pour l’instant, nous n’y sommes pas, admet le pharmacien. Il faudra attendre la fin de la période estivale pour tirer un premier bilan ». Selon lui, la rentabilité de l’antenne passera obligatoirement par une augmentation du temps d’ouverture. « Au moins trois matinées par semaine, estime-t-il. Pour cela, il faut toutefois le personnel suffisant car lorsque la salariée de ma pharmacie qui s’occupe de tenir l’antenne s’y trouve, elle ne peut pas travailler avec moi au sein de la pharmacie-mère. Aujourd’hui, nous rencontrons un autre problème, ajoute-t-il. Les horaires d’ouverture de l’antenne ne coïncident pas avec ceux du médecin du village. Il travaille uniquement sur rendez-vous, reçoit souvent ses patients entre midi et deux ou en fin d’après-midi, donc lorsque l’antenne est fermée… J’ai essayé de le convaincre de jouer le jeu mais je pense que c’est peine perdue. Ce qu’il nous faudrait c’est un deuxième médecin au village. Un médecin qui fait des visites à domicile et qui reçoit en cabinet sans rendez-vous. Là nous pourrions espérer une rentabilité pour l’antenne », analyse Vivien Delpoux. Les prochains mois seront donc décisifs pour connaître l’avenir à long terme de l’antenne de Cozzano. D’ores et déjà, l’expérience de Vivien Delpoux suscite l’intérêt. Plusieurs pharmaciens l’ont contacté car ils envisagent eux aussi d’ouvrir une antenne dans leur secteur. Un retour d’expérience qui sera précieux si leur projet aboutit.
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