Si le nombre d’étudiants reçus en pharmacie, le nombre de places vacantes et la dynamique des carrières professionnelles restent constants, le nombre de pharmaciens toutes sections confondues baisse à horizon 2032 pour remonter d’ici 2050, prévient l’Ordre des pharmaciens. Un résultat qui peut varier à la hausse ou à la baisse, parfois de manière spectaculaire, selon les effectifs en deuxième année de pharmacie… et selon les sections.
Si rien ne change par rapport à la rentrée 2024-2025 (3 413 étudiants qui accèdent à la deuxième année de pharmacie, 293 places vacantes, 480 places ouvertes au concours de l’internat en pharmacie hospitalière et 266 au concours en biologie médicale), la profession verra ses effectifs diminuer de 2,3 % en 2032, à moins de 71 800 pharmaciens inscrits à l’Ordre, pour remonter et dépasser la barre des 74 300 d’ici à 2050 (+3,2 %), prévoit l’Ordre des pharmaciens, d’après ses projections démographiques révélées ce 29 janvier.
Pour obtenir ses résultats, l’Ordre s’est appuyé sur un modèle de microsimulation à partir des données des tableaux ordinaux (durées moyennes d’inscription ou de radiation, changements de section) depuis 1987, de la base SISE (Système d’information sur le suivi étudiant), des arrêtés relatifs aux objectifs pluriannuels de formation et du nombre de places offertes en internat, ainsi que des données de la conférence des doyens de pharmacie ou encore de la caisse des retraites. L’année de référence du modèle de simulation est 2022, avec 73 500 pharmaciens inscrits à l’Ordre en simulé (73 795 pharmaciens inscrits en données réelles, issues du panorama de la démographie ordinale).
Premier constat : les sections ne rencontreront pas toutes le même succès. À situation constante, alors que les effectifs des sections B (industrie) et H (établissements de santé) devraient s’envoler entre 2022 et 2050 (+20 %), les sections C (distribution en gros), G (biologistes médicaux) et E (Outre-mer) devraient subir une perte nette (-25 % environ pour la distribution en gros). À l’officine (sections A et D), les effectifs resteront stables, malgré un léger infléchissement en 2032. Comment alors assurer toutes les nouvelles missions actuelles et à venir avec des effectifs constants ? « Je crois beaucoup à l’intelligence artificielle, qui va nous faire gagner du temps notamment dans l’acte de dispensation, et on aura plus de temps à passer avec nos patients. Je suis aussi convaincue depuis longtemps que l’on doit repenser l’organisation de l’officine et de la file active de patients », explique Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), qui prend pour exemple le Québec, où les patients prennent rendez-vous pour les actes pharmaceutiques.
Tout se joue sur le nombre de places vacantes en deuxième année
L’intérêt des simulations est de tester différents paramètres, et donc différentes options politiques.
Le facteur déterminant est le nombre de places vacantes en deuxième année d’étude de pharmacie. Ainsi, si le nombre de places vacantes reste à 471 comme à la rentrée 2023-2024 (année record), la profession perd 1 500 inscrits en 2050 (-2 %). Mais si l’ensemble des places en deuxième année est pourvu, la profession gagne 3 700 inscrits (+ 5 %) en 2050. Mieux, si le numerus apertus pour l’entrée en deuxième année augmente de 5 % tous les 5 ans, le nombre de pharmaciens en exercice s’élèverait à 81 000 en 2050 (+10 %). « Fort de ce constat, une vigilance particulière doit être portée sur les réformes d’entrée en étude de santé et l’attractivité de la profession », signale l’Ordre des pharmaciens.
L’autre paramètre à prendre en compte est le taux d’évaporation à la fin des études de pharmacie. « Il est aujourd’hui de 20 % », rappelle la présidente de l’Ordre. Certains pharmaciens partant en parapharmacie, faut-il, comme le suggère Michel-Edouard Leclerc, créer une section de pharmaciens exerçant en GMS ? « Le vrai sujet, c’est comment on garde un lien avec tous les pharmaciens qui ne sont pas inscrits à l’Ordre, et comment garder un esprit de communauté ? », répond la présidente du CNOP au « Quotidien du pharmacien ».
Ces chiffres sont toutefois à mettre en perspectives avec les besoins de santé des populations, qui pourraient eux aussi évoluer (augmentation du nombre de malades chroniques, place de l’IA…). Mais ce travail, réalisé dans le cade de la feuille de route « Attractivité », l’Ordre compte bien le partager avec les pouvoirs publics « afin de contribuer aux décisions stratégiques en matière de démographie et d’attractivité ».
Ça tombe bien, la présidente de l’Ordre avait rendez-vous à Matignon ce 29 janvier.
Une idée de l’assurance-maladie
Médicaments, pansements : quelle est cette expérimentation contre le gaspillage ?
Négociations salariales
Révision de la grille des salaires : ce qui va changer
Expérimentation
Vaccination du voyageur chez Wellpharma
Mécénat Chirurgie Cardiaque
Challenge cœurs actifs, le tour du monde de Pharmactiv