Cas de comptoir
Le contexte :
Linda, 34 ans : « Ce ne sont plus des cheveux, c’est de la paille ! Et pourtant, j’ai l’impression qu’ils sont gras et je dois les laver tous les jours… »
Les questions à poser
« Quand avez-vous fait votre shampooing la dernière fois ? À quelle fréquence le faites-vous ? Avec quel shampooing ? Comment séchez-vous vos cheveux ? Réalisez-vous des couleurs, des permanentes… et à quelle fréquence ? Quelles sont vos conditions de travail ? Fumez-vous ? Pratiquez-vous un sport nautique ? Prenez-vous des médicaments ? Quel âge avez-vous ? »
Définitions
Le « capital cheveux », c’est 25 cycles capillaires dans une vie et 3 phases par cycle : la phase anagène ou de croissance (de la tige pilaire), qui dure de 2 à 6 ans, la phase catagène ou de transition, sans croissance, qui s’étend sur 2 à 3 semaines, et la phase télogène ou de régression, au bout de laquelle le cheveu va chuter.
Il y a autant d’aspects de cheveux différents que de personnes : fins ou épais, fournis ou clairsemés, raides, ondulés ou frisés, emmêlés, électriques, secs et rêches ou gras et luisants, volumineux ou plats, ternes, avec des pellicules, abîmés…
Les cheveux secs sont dus à une altération du film hydrolipidique, entraînant une fragilité de la cuticule et un soulèvement des écailles. Les cheveux sont rêches, cassants, difficiles à démêler, donnent un aspect ébouriffé (frisottis). Le cuir chevelu donne une sensation de tiraillement et peut présenter des squames et irritations.
Les cheveux gras sont liés à un cuir chevelu gras, qui présente une hyperséborrhée. Le sébum remplit le canal folliculaire et évolue vers la tige pilaire plus ou moins loin, offrant la possibilité au cheveu d’être soit gras, soit sec. Les cheveux gras paraissent luisants, collés en paquets, ternes, plats car lourds. Des pellicules peuvent apparaître (principalement liées à une prolifération de Malassezia furfur).
Les pellicules sont la traduction d’une desquamation excessive. Les pellicules sèches classiques sont les plus courantes : ce sont ces fameuses pellicules qui tombent « comme de la neige » sur les épaules en se coiffant ou en mettant les mains dans les cheveux. Elles peuvent être présentes au niveau des cuirs chevelus qui manquent de sébum (cuir chevelu sec). Pas (ou peu) accompagnées d’inflammation et/ou de prurit, elles sont plus petites que les pellicules grasses, qui sont davantage présentes sur les cuirs chevelus gras, s’amassent avec le sébum et s’enlèvent difficilement du cuir chevelu. Elles sont généralement de couleur jaune, grasses et épaisses. Le cuir chevelu est souvent irrité et rose, et démange. Les pellicules peuvent causer des démangeaisons et favoriser la perte de cheveux.
Les cheveux crépus ont quelques spécificités : ils sont très denses et donnent du volume et s’accompagnent souvent d’un cuir chevelu très sec. Ils sont rêches et difficiles à démêler.
Les glandes sébacées sont souvent atrophiées à cause du follicule pileux incurvé. Le sébum est inégalement réparti à cause de la torsion du cheveu.
25, c’est le nombre de cycles capillaires dans une vie
Zoom sur la physiopathologie
Quand le cheveu s’abîme
Lorsque le cheveu est en bonne santé, ses écailles sont imbriquées les unes dans les autres, maintenant une bonne hydratation capillaire. La kératine est le principal constituant de la fibre capillaire, elle renforce les écailles du cheveu et lisse la cuticule.
Lorsque le cheveu s’abîme, les écailles se soulèvent et se désolidarisent, laissant ainsi l’eau s'évaporer. La kératine est endommagée.
Les cheveux abîmés sont alors difficiles à coiffer et se cassent à différentes longueurs. Ils donnent des frisottis, des fourches aux extrémités, et un aspect « paille » lorsqu’ils sont blonds.
Des facteurs influents
- Conditions de travail : travail en extérieur (vent, froid, soleil, port de bonnet), exposition à la pollution, la poussière… ;
- Hygiène de vie : tabac, surmenage et déséquilibre alimentaire ;
- Médicaments : ils peuvent graisser, assécher ou faire tomber les cheveux ;
- Age et hormones.
Ainsi les cheveux secs peuvent être liés à l’âge (diminution des sécrétions sudorales et de la production de sébum avec la ménopause), à un dysfonctionnement endocrinien ou à des facteurs extérieurs tels que la pollution, le soleil, le chlore des piscines, l’eau de mer, des shampooings trop détergents, des colorations, l’utilisation d’appareils chauffants, la prise de certains médicaments (isotrétinoïne, antiandrogènes…)…
Les cheveux gras, quant à eux, peuvent être d’origine intrinsèque, la production de sébum dépendant des androgènes : la puberté et la ménopause sont alors deux périodes critiques. Des troubles endocriniens ou la maladie de Parkinson peuvent générer également une hyperséborrhée. Parmi les facteurs extérieurs, on pensera à la pollution, au stress, à une hypersudation, à des soins capillaires inappropriés, à certains médicaments (progestatifs, androgènes, neuroleptiques…). Des aliments riches en sucres ou en cholestérol graissent les cheveux.
Autour du conseil antipelliculaire, on pensera notamment à l’influence du stress ou de la fatigue, aux produits coiffants ou agressifs pour le cuir chevelu, à la consommation d’alcool ou de tabac. Mais on n’oubliera pas les autres facteurs sur lesquels on ne peut agir comme la pollution, les variations de climat (les poussées sont plus importantes en période hivernale et lorsque l’air est humide ; à l’inverse, une amélioration est constatée en été) ou une prédisposition génétique. Les pellicules sont aussi une des manifestations de la dermite séborrhéique.
Les cheveux crépus, fréquents chez les personnes noires ou métissées d'origine africaine ou antillaise, sont fragiles naturellement. Cette fragilité est de plus aggravée par les défrisages, les tissages, les tressages ou les lissages, souvent réalisés sur ce type de cheveux, provoquant leur cassure.
Les shampooings pour bébés ne sont pas adaptés aux adolescents et aux adultes en raison de la présence de surgraissants
Conduite à tenir
Au comptoir, on déterminera l’état du cuir chevelu et des cheveux. Pour cela, les cheveux doivent ne pas avoir été lavés depuis 48 heures. On examinera visuellement la chevelure, afin d’adapter ensuite les conseils.
Conseils généraux pour une bonne santé du cheveu
Rechercher la cause et si possible agir en amont.
Utiliser des shampooings et des soins adaptés aux problèmes capillaires de chaque personne.
Si les cheveux ont une tendance grasse, masser avec la paume des mains, s’ils ont tendance à être secs, masser avec le bout des doigts.
Se shampooiner trop fréquemment peut graisser le cheveu.
Les shampooings pour bébés ne sont pas adaptés aux adolescents et aux adultes en raison de la présence de surgraissants.
Le brossage excessif ou les massages trop énergiques étalent le sébum et rendent les cheveux plus gras ou au contraire les dessèchent.
Les produits coiffants (laques, gel, poudre), les bigoudis, les queues-de-cheval, les tresses africaines ou encore les chignons tirés peuvent dessécher et fragiliser les cheveux.
Attention à la chaleur excessive des sèche-cheveux, des fers à friser, des lisseurs qui peuvent abîmer le cheveu.
Les décolorations et colorations (qui concernent une femme sur deux, soit pour camoufler des cheveux blancs, pour apporter des reflets ou tout simplement pour changer de look) ou les permanentes sont agressives, et encore plus si elles sont réalisées trop régulièrement.
Les bains en piscine ou en mer dessèchent et déshydratent le cheveu. Conseiller de bien se rincer à l'eau tiède après les bains pour enlever le sel, le sable, le chlore.
Des massages du cuir chevelu stimulent la microcirculation et l'oxygénation, et la nutrition du cheveu, et renforcent l'efficacité des soins.
La routine Cheveux secs
Si les cheveux sont très secs, utiliser un avant-shampooing (huile par exemple).
Ne les laver qu’une fois (maximum 2) par semaine avec le shampooing pour cheveux secs, pour ne pas éliminer excessivement le sébum. Une application suffit. Si les cheveux doivent être lavés plus souvent, utiliser en alternance un shampooing « usage fréquent ».
Rincer à l’eau tiède pour donner un effet émollient et de la brillance aux cheveux.
Associer un soin réparateur après-shampooing (masque ou baume) : démêler alors les cheveux pendant le temps de pose.
Et pour ceux qui ont moins de temps à consacrer à leurs cheveux, on peut proposer de remplacer le masque par une crème ou un spray sans rinçage à appliquer sur les longueurs et les pointes.
La routine Cheveux gras
Réaliser un massage du cuir chevelu avant le shampooing traitant pour stimuler la microcirculation sanguine et ainsi faciliter l’évacuation du sébum.
Réaliser le shampooing une à deux fois par semaine, en deux applications (Si les cheveux doivent être lavés plus souvent, utiliser un shampooing « usage fréquent »).
Rincer à l’eau fraîche pour resserrer le canal sébacé (l’eau trop chaude stimule la production de sébum).
Des lotions séborégulatrices peuvent être appliquées entre les shampooings, un masque adsorbant peut être réalisé une fois par semaine.
Si les longueurs sont sèches, on les traite séparément avec un soin adapté sans rinçage.
Éviter de passer la main souvent dans les cheveux, éviter de porter des bonnets, chapeaux…, laver les peignes et brosses régulièrement.
La routine Pellicules
Limiter le shampooing à un jour sur deux au maximum afin de ne pas irriter le cuir chevelu.
Réaliser des mouvements circulaires au niveau du cuir chevelu (de la nuque vers le sommet du crâne) permet de stimuler la microcirculation sanguine. Y associer de l’huile d’amande douce ou de coco.
La lotion antipelliculaire est en général un complément au shampooing traitant. Elle s’utilise entre les shampooings pour maintenir la lutte contre Malassezia Furfur.
La routine Cheveux crépus
Utiliser une brosse très douce.
Masser régulièrement le cuir chevelu pour active la microcirculation sanguine et stimuler les glandes sébacées.
Ne pas laver les cheveux trop souvent pour ne pas assécher le cuir chevelu : un shampooing hydratant par semaine suffit.
Appliquer un masque nourrissant après le shampooing qu’on laissera agir sous une serviette chaude avant de rincer.
Laisser sécher les cheveux à l’air.
Une crème hydratante sans rinçage sera appliquée pour les coiffer plus facilement le matin et lutter contre l’électricité statique et les frisottis.
Une huile peut être appliquée avant ou après le shampooing, ou encore pendant la nuit.
Écarter les séances de défrisage si les cheveux sont trop abîmés.
À quoi sert le capilliscope ?
Le capilliscope est un appareil doté d’une caméra vidéo qui permet de visualiser par grossissement la racine, la tige pilaire, l’état du cuir chevelu, de réaliser un minitrichogramme par prélèvement d’une dizaine de cheveux dont l’analyse permettra de connaître leur phase de vie (pousse, repos, chute) et d’obtenir un taux de sébum et un diamètre des cheveux.
Les produits du conseil
Dans les shampooings et les soins pour cheveux secs, on retrouve des actifs relipidants (beurre ou huile de karité, beurre d’Illipé, huile de macadamia, huile de jojoba, beurre de mangue, cupuaçu riche en omega-6 et omega-9…), des actifs gainants démêlants (céramides, collagène) et des restructurants et protecteurs (kératine, acides aminés, vitamine B5, protéines de blé…). La prise en cure de certains compléments alimentaires riches en vitamines B, en acides aminés soufrés et en acides gras essentiels (graines de lin, bourrache, onagre) permet une meilleure synthèse de la kératine.
Pour traiter les cheveux et cuirs chevelus gras, on utilise des séborégulateurs (Sabal serrulata, huile essentielle de cédrat, curbicia, huiles essentielles de girofle, thym, romarin et orange, ortie blanche), des adsorbants (kaolin, curbicia), des assainissants. La prise en cure de compléments alimentaires peut aider à réguler la séborégulation : vitamines B, zinc, bardane, levure de bière, ortie, pensée sauvage.
Les shampooings qui traitent les pellicules comportent des actifs spécifiques :
- Des kératolytiques (acide salicylique) ou kératoréducteurs (huile de cade) qui calment les démangeaisons ;
- Des antifongiques contre Malassezia furfur présente dans les états pelliculaires (ciclopiroxolamine, piroctone olamine, sulfure de sélénium, climbazole, lactate de zinc) ;
- Des extraits de plantes : capucine, ortie blanche, tilleul, lierre…
Pour les cheveux crépus, on utilisera le beurre de karité, l’huile d’argan, l’extrait de moringa, l’extrait d’amla, le panthénol, l’aloe vera… Pour hydrater et nourrir le cheveu, redéfinir les boucles et éviter les frisottis : gamme Karinga (Furterer), Topicrem Karité, Mela aura, Aloe vera Planters…
Pour celles et ceux qui souhaitent lisser leurs cheveux, les shampoings ou sérums lissants permettent de détendre la chevelure, lisser le cheveu et éviter les frisottis : dérivés de pulpe de pin, extrait d’althea, provitamine B5… (Phytolisse).
Testez-vous
1. Le cycle du cheveu :
a) Contient 3 phases ;
b) Est accéléré dans sa dernière phase télogène lors d’une chute de cheveux ;
c) Est reproduit 25 fois dans une vie.
2. Le cuir chevelu gras :
a) Est dû à la présence de Malassezia furfur ;
b) Peut être accompagné de cheveux secs ;
c) Est dû à une hyperséborrhée.
3. Parmi les médicaments qui influencent la bonne santé du cheveu :
a) L’isotrétinoïne graisse le cheveu ;
b) L’isotrétinoïne assèche le cheveu ;
c) Les progestatifs graissent le cheveu.
4. Parmi les conseils qui « font la différence » :
a) Après le shampooing, on rince à l’eau fraîche des cheveux gras ;
b) Après le shampooing, on rince à l’eau tiède des cheveux gras ;
c) Un massage du cuir chevelu permet de faciliter l’évacuation du sébum.
5. Spécifiquement pour les cheveux frisés crépus :
a) Attention au lissage brésilien, en particulier bannir l’acide glyoxylique ;
b) L’huile d’argan redéfinit les boucles en évitant les « frisottis indésirables » ;
c) Laisser agir un masque sous une serviette chaude renforce son efficacité.
Réponses : 1. a) et c) ; 2. b) et c) ; 3. b) et c) ; 4. a) et c) ; 5. a), b) et c).
On m’a dit que le lissage brésilien est dangereux pour ma santé…
L’acide glyoxylique, utilisé dans les produits de lissage pour cheveux (en salon de coiffure ou à domicile), peut provoquer des insuffisances rénales aiguës (douleurs abdominales ou lombaires, nausées et/ou des vomissements se manifestant dans les heures suivant l’exposition, voire pendant l’utilisation du produit, et nécessitant une consultation en urgence).
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) a donc recommandé en janvier dernier d’éviter son utilisation et de déclarer au dispositif de cosmétovigilance tout effet indésirable constaté.
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