Alors que les analogues du GLP-1 connaissent un engouement pour leur effet sur la perte de poids, les sites de vente en ligne proposant des contrefaçons de ces médicaments prolifèrent. L’Agence européenne du médicament tire la sonnette d’alarme. Cette cybercriminalité pousse la profession à renforcer le dispositif de sécurité du portail « Ma pharmacie en France » qui sera lancé fin 2025-début 2026.
Ces derniers mois, les autorités de santé ont constaté une forte augmentation du nombre de médicaments illégaux à base de sémaglutide, de liraglutide et de tirzépatide vendus sur Internet. Au point que l’Agence européenne du médicament (EMA) met en garde contre les sites frauduleux, promus sur les réseaux sociaux, qui en proposent. Les autorités sanitaires ont identifié « des centaines de faux profils Facebook, de fausses publicités et de fausses fiches de commerce électroniques, dont beaucoup sont hébergés hors de l’Union européenne. Certains utilisent de faux logos officiels et de fausses recommandations pour tromper les consommateurs », avertit l’EMA.
Ces sites ont tout l’air d’être légitimes : un graphisme impeccable, des logos officiels, des offres commerciales… Mais, les produits qu’ils vendent, non autorisés, ne répondent pas aux normes de sécurité et d’efficacité imposées au sein de l’Union européenne. Ils « peuvent être totalement dépourvus de la substance active revendiquée et contenir des concentrations nocives d'autres substances », prévient l’agence. Les consommateurs encourent par conséquent « un risque très élevé d’échec thérapeutique, de problèmes de santé inattendus et graves et d’interactions dangereuses avec d’autres médicaments ».
Selon un rapport du groupe de cybersécurité Gen, rendu public en août, 95 % des pharmacies en ligne qui vendent des médicaments sont frauduleuses. Et la France serait particulièrement ciblée par ces faux sites. Les chercheurs de Gen ont identifié un réseau criminel organisé mondial qui orchestre plus de 5 000 sites illégaux commercialisant des traitements, manipule les recherches sur Google, détourne de vrais sites médicaux et tient de faux blogs médicaux grâce à l’IA. Plus de « 151 000 attaques PharmaFraud ont été bloquées » par la société de cybersécurité Avast depuis janvier en France.
« La nature a horreur du vide », commente Alain Grollaud, président de Federgy, à l’initiative du projet de portail « Ma pharmacie en France ». « Et cela ne fait que s’aggraver avec les pénuries de médicaments. Les consommateurs cherchent à tout prix leur médicament en ligne et ne vérifient pas qui le vend. C’est pourquoi il faut un portail, verrouillé au niveau de la sécurité, qui amène les personnes jusqu’à de vraies pharmacies, qui existent physiquement et sont tenues par des officinaux. » Face à ces attaques, le portail « Ma pharmacie en France » est donc une solution. Son lancement, prévu initialement en octobre, a été repoussé à fin 2025 – début 2026. « Nous avons renforcé le cahier des charges. Non seulement nous verrouillons la connexion via France Connect, pour protéger les données de santé, mais nous sommes extrêmement vigilants sur la sécurisation du portail », poursuit Alain Grollaud.
Une des questions qui reste en suspens : le portail utilisera-t-il le logo européen recommandé par l’EMA ou un logo qui lui sera propre ? L’EMA conseille en effet de vérifier sur les sites de vente en ligne si le logo européen est bien présent : il s’agit d’une croix blanche sur fond d’un bandeau vert, avec au-dessous le drapeau du pays concerné et un texte. Si l’on clique sur ce drapeau, un lien renvoie vers la liste des sites de vente en ligne autorisés à vendre des médicaments. En France, on peut également le trouver sur le site de l’Ordre national des pharmaciens. Il faut alors vérifier que le site en question en fait bien parti. « Cela ne suffira pas, prévient Alain Grollaud. Il faudra une grande campagne d’information pour alerter sur les dangers d’acheter sur des sites frauduleux et éduquer les consommateurs. »
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