Les mesures adoptées par le Parlement européen ne sont pas miraculeuses : confiées à l’Agence européenne du médicament, elles se basent avant tout sur la prévention des pénuries grâce à une meilleure information des différents acteurs, ainsi que sur la recherche précoce de solutions alternatives.
Pour cela, deux groupes de pilotage sur les pénuries, respectivement pour les médicaments et les équipements médicaux, seront mis en place par l’agence et géreront une « plateforme européenne de surveillance des pénuries » afin de faciliter la collecte d’informations. Elle associera les titulaires des AMM, les grossistes-répartiteurs, de même que « tout autre acteur approprié de la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique », des représentants des professionnels de la santé et, à titre consultatif, des associations de patients. La plateforme disposera d’une page Internet publique diffusant des informations sur les pénuries, ainsi que sur l’avancée des essais cliniques de nouveaux médicaments. Pour le rapporteur du dossier au Parlement européen, l’Espagnol Nicolas Gonzales Casares, « ce nouveau règlement accroît la transparence de l’agence, mais aussi de la chaîne d’approvisionnement : la plateforme européenne offrira à l’agence un outil essentiel pour surveiller l’approvisionnement en médicaments et pour prévenir efficacement les pénuries ».
Le nouveau règlement européen aborde aussi l’approvisionnement pharmaceutique en cas d’urgence de santé publique, notamment épidémique. L’Agence met en place, dans ce cas, une « task force » associant autorités et experts pour rechercher rapidement les médicaments les plus efficaces pour répondre aux besoins, y compris en facilitant les essais cliniques de médicaments susceptibles d’être employés dans ce cadre. La task force associe autorités réglementaires, producteurs de médicaments et promoteurs d’essais cliniques, mais aussi, comme pour la plateforme sur les pénuries, « tout autre acteur approprié » de la chaîne pharmaceutique, ainsi, là aussi, que des professionnels de santé et des représentants de patients. Notons que la mention des « acteurs appropriés » a été rajoutée par des amendements du Parlement européen au projet initial de la Commission, et qu’un autre amendement a précisé que les pharmaciens d’officine et hospitaliers faisaient partie des destinataires spécifiques des données de la base sur les pénuries, ce que ne mentionnait pas non plus le document d’origine.