Les bactéries multirésistantes se retrouvent dans tous les écosystèmes (humain, animal, eaux, sols). Leur émergence croissante est la conséquence directe d'une surconsommation et du mauvais usage des antibiotiques (non-respect des doses et de la durée). Chacun doit se mobiliser en faveur de leur bon usage et comprendre que l'intérêt de cet engagement n'est pas seulement individuel, mais collectif.
Longtemps l'antibiorésistance a été assimilée à des infections graves traitées à l'hôpital, le principal responsable incriminé étant le staphylocoque doré. Aujourd'hui, la résistance n'est plus seulement nosocomiale, elle est acquise en ville, elle est le fait de nombreuses bactéries et elle concerne tout le monde. Le risque n'est pas à venir, il est présent et très actuel et il est urgent de s'engager dans une santé préventive. Les Français restent pourtant de très mauvais élèves malgré les messages alarmants lancés par l'OMS en 2000. « Ils sont peu inquiets car ils méconnaissent les conséquences de cette menace. Pour eux, les antibiotiques sont des armes invulnérables, efficaces indéfiniment. Ce n'est pas un sujet de société, il est peu partagé et pas assez médiatisé. Ils ne se sentent pas concernés et estiment que l'antibiorésistance est l'affaire des scientifiques. Ils leur font confiance pour trouver en permanence des molécules de plus en plus sophistiquées en réponse à ce problème de santé », constate Jocelyne Arquembourg, professeure en sciences de l'information et de la communication à Paris III. Certes, les antibiotiques sont très efficaces, ils ont sauvé et sauvent encore des millions de vies, mais ce sont des molécules fragiles. « Actuellement leur emploi s'est généralisé en médecine (crèmes, collyres…), mais aussi dans l'élevage des animaux comme promoteur de croissance, et dans l'agroalimentaire. Les antibiotiques sont un bien commun, il faut agir dans un contexte global car tous les secteurs de l'environnement sont concernés. » Acteur engagé dans le secteur de la santé préventive, Pfizer lance une nouvelle campagne de sensibilisation pour mobiliser massivement le grand public.
Lever les freins à la prise de conscience
Les leviers pour faire passer les messages passent en priorité par l'information et l'éducation du grand public et par la formation continue des professionnels de santé qui doivent actualiser en permanence leurs connaissances. Il faudrait intégrer les bonnes pratiques dans les structures pluridisciplinaires car tous les acteurs de la chaîne de santé sont impliqués (médecins prescripteurs, pharmaciens, infirmières). Leur discours doit être cohérent, même s'il est exprimé de façon différente.
« Le pharmacien devrait avoir accès à l'indication pour laquelle l'antibiotique a été prescrit afin d'avoir une bonne analyse et un dialogue avec le prescripteur, remarque le Dr Maxime Mendelsohn, pharmacien d'officine. En fait, le problème de l'antibiorésistance est peu abordé en pharmacie, le discours est centré sur le bon usage et se focalise surtout sur la posologie et la prévention des effets secondaires, regrette notre confrère. Les messages devraient être renforcés autour de la vaccination et les dangers de l'automédication. Au-delà de l'entretien individuel, il faut intensifier notre communication avec les clients en capitalisant sur la confiance qu'ils nous témoignent, en particulier en les sensibilisant grâce aux TROD angines ou des fiches conseil. Nous pouvons aussi relayer le dialogue public sur nos propres réseaux sociaux. »
D'après une table ronde en visioconférence de Pfizer.