Les primes, une option pertinente
Les primes récompensent l’implication des salariés pour améliorer la qualité du service et leur productivité et donc, par ricochet, l’activité et les résultats financiers de la pharmacie. Le système de la prime individuelle est aujourd’hui le plus fréquent, la crise sanitaire ayant amené les titulaires à récompenser l’implication des équipes. Il faut sans doute rappeler que verser des primes n’est pas neutre sur plusieurs aspects : la prime individuelle est fiscalisée pour le salarié et cotisable pour l’employeur. Une prime coûtera, suivant le statut du salarié, entre 35 à 40 % de charges sociales patronales. Pour le salarié, la prime sera amputée de 20 à 22 % au titre des retenues salariales auxquelles il faut ajouter l’impôt sur le revenu.
Afin que la prime ait un sens pour le salarié et le titulaire, il est important de définir un objectif connu au préalable par le salarié, en adéquation avec la stratégie de l’officine. Cet objectif doit être facilement accessible et mesurable, et surtout motivant pour l’équipe. Le montant de la prime pourra varier selon les salariés suivant des paramètres comme la rémunération, le niveau de classification, l’ancienneté dans l’entreprise… Vous pourrez également utiliser ces éléments si vous décidez d’instaurer l’intéressement pour les collaborateurs.
L'intéressement, un levier pour impliquer la communauté des salariés
L'intéressement a pour intérêt de motiver, de responsabiliser, de solidariser l’ensemble des collaborateurs et de les associer au résultat de l’entreprise. Il s’appuie sur différents critères liés à la performance. Sur le plan managérial, il apparaît intéressant dans la mesure où il permet de redistribuer une somme exonérée de cotisations sociales et d’impôt si elle est versée sur un plan épargne entreprise et reste bloquée pendant cinq ans. L’intéressement est par nature aléatoire. Il n’est pas fixe et peut varier selon différents critères quantitatifs (chiffre d’affaires, résultats) et critères qualitatifs (appréciation des clients, ventes des cosmétiques et en parapharmacie). Si vous optez pour ce levier financier, vous devrez alors identifier les critères permettant d’atteindre plus ou moins le montant de la somme que vous souhaitez y consacrer.
L’intéressement dans et en dehors du cadre légal
Avant toute chose, il faut savoir que c'est la réalisation d'objectifs définis au préalable qui déclenchera le versement des primes qui seront exonérées des charges sociales déductibles du bénéfice imposable de l'entreprise. Un accord entre le titulaire et les collaborateurs sensibilisera les équipes.
On distingue deux sortes d’intéressement.
- L’intéressement légal, qui présente des avantages financiers sous certaines conditions, mais qui s’inscrit dans le collectif. En effet, le titulaire doit répartir une somme issue du calcul entre tous les collaborateurs. Inconvénient éventuel : cet accord d’intéressement est mis en place pour trois années.
- L’intéressement « non légal », lui, est onéreux, soumis aux cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu comme un salaire normal. En revanche, il offre davantage de liberté au titulaire pour répartir la prime globale selon des paramètres tels que la disponibilité des salariés, leur ponctualité, leur rigueur au quotidien dans leurs tâches. Cela ouvre donc la possibilité de ne pas donner à tout le monde la même somme, mais à la seule condition de respecter une égalité de traitement entre les bénéficiaires. Autre avantage : il peut être mis en place pour un an. À chacun donc de choisir le levier de motivation des équipes.
Les avantages fiscaux pour les pharmaciens et pour les salariés de l’officine
Les avantages fiscaux pour les officines qui mettent en place l'intéressement légal comprennent notamment la déduction du bénéfice imposable les sommes versées aux salariés, l’exonération des taxes d'apprentissage et de participations à la formation continue. Sous certaines conditions, si les sommes sont versées dans le cadre d'un plan d'épargne salariale, le droit de constituer une provision pour investissement. Cette provision ne doit pas dépasser 50 % des sommes versées par l'entreprise pour compléter l'intéressement, lorsqu'il est inférieur au plafond légal. Enfin, toutes les entreprises sont exonérées de cotisations sociales sur les sommes versées aux salariés. Quant aux avantages pour le salarié, il s’inscrit au niveau fiscal.
Quel que soit le dispositif d'intéressement, il doit être simple, compréhensible. Il est d’ailleurs possible de combiner intéressement individuel et intéressement collectif. Pour mettre en place une politique de rémunération juste, votre expert-comptable ou un avocat en droit social saura vous orienter et vous épauler dans cette démarche.
Article écrit en collaboration avec Philippe Becker, consultant pour le département pharmacie de Fiducial, et Antoine Montant, avocat, directeur du département droit social de Fiducial Sofiral.