Les étudiants ont été largement soutenus par leurs enseignants, le doyen Raphaël Duval en tête, mais aussi par l'URPS pharmaciens et l'ensemble des syndicats officinaux de la région. Après une matinée « faculté morte », les étudiants se sont regroupés en début d’après midi devant l'immeuble de l'agence régionale de santé du Grand Est, en face de la gare. Arborant de nombreuses banderoles, ils ont exigé, mégaphone, slogans et chants à l'appui, que la réforme « voulue à l'origine par le gouvernement, et prête à être appliquée », entre enfin en vigueur.
Postés devant les arrêts de bus de la gare, des étudiants en blouse expliquaient aux passants les implications de la réforme pour l’officine et, à travers elle, pour leur propre santé. « J’ai abordé au moins 50 personnes et seulement deux ne m’ont même pas répondu », témoignait un manifestant. Un peu plus loin, deux étudiantes, tout sourire, distribuaient des tracts aux cyclistes et aux scootéristes, obligés de traverser avec précautions les inextricables travaux du centre-ville en pleine réfection.
Pendant ce temps, une délégation emmenée par le doyen et les syndicats a été reçue par le directeur des ressources humaines santé de l'ARS : « Nous avons beaucoup insisté sur la dimension territoriale de la pharmacie d'officine, a résumé Christophe Wilcke, président de l'URPS-pharmaciens Grand Est et de la FSPF de Lorraine, car cette notion est fondamentale pour les ARS. » Elle implique que les stagiaires puissent eux aussi exercer dans les territoires… et aient plus tard envie de s'y installer, ce qui passe par une revalorisation de l'ensemble de la filière pour « donner envie aux jeunes d'y entrer ».
« Le soutien des pharmaciens nous a fait chaud au cœur », estime la présidente de l'Association amicale des étudiants en pharmacie de Nancy, Anaelle Rouault, actuellement en 4e année. Tous les officinaux avaient « fortement incité » leurs stagiaires à venir manifester, et les enseignants avaient déplacé leurs cours, même si certains étudiants, notamment les 5e année en stage hospitalier, n’ont pas pu se libérer.
En revanche, la convergence vers Nancy des deux autres facultés du Grand Est, Reims et Strasbourg, ne s'est finalement pas concrétisée, ce qui a pu limiter le nombre total de manifestants, estimé par la police à 170 en fin de journée. De même, les officinaux ont été moins nombreux qu'espérés ; une délégation de pharmaciens francs-comtois, venus de Haute-Saône, a participé à la manifestation nancéenne où elle a appris qu'« il se passait aussi quelque chose à Besançon » : la coordination entre les étudiants et les syndicats a un peu laissé à désirer, ont-ils constaté.
Dans tous les cas, les étudiants sont bien décidés à poursuivre leurs actions pour obtenir enfin l'application de cette réforme, promise depuis si longtemps, « parce que 7 ans c'est long, et 7 ans c'est ch… », comme ils l'ont hurlé à en perdre leur voix pendant toute l'après-midi devant l'ARS.