Profession de santé, la pharmacie n’est reste pas moins un commerce. En tout cas, en ce qui concerne son fonds. C’est d’ailleurs sur la valeur de celui-ci et sur son positionnement dans le paysage commercial français qu’Altarès, expert de l’information sur les entreprises, diffuse ces statistiques parmi les chiffres des cessions d’entreprises en France en 2023.
L’officine reste le commerce le plus valorisé de France, avec un prix de vente moyen en hausse de 8,6 %, à 1,295 million d’euros, bien supérieur à la moyenne des commerces français (244 307 euros). Une analyse à rebours du constat opéré par Interfimo qui, en avril dernier, observait que « bien que restant à un niveau élevé, le prix moyen de l’officine affiche une tendance baissière. Les officines d’un chiffre d’affaires supérieur à 1,2 million d’euros se sont cédées en moyenne à 84 % de leur chiffre d’affaires, soit trois points de moins qu’en 2022. Les « petites » officines, celles dont le chiffre d’affaires n’excède pas 1,2 million d’euros, ont, quant à elle, étaient valorisées cinq points en dessous du niveau de 2022, ou à 59 % de leur chiffre d’affaires. »
Devant les supermarchés
Selon Altarès, la croissance du marché de la transaction d’officines arrive au quatrième rang des plus fortes progressions enregistrées en 2023, même si elle est légèrement inférieure à la moyenne du marché global de la transaction de fonds de commerce (13,3 %). Il faut cependant préciser que ce dernier taux est tiré par l’incroyable ascension des supermarchés. Ceux-ci ont vu leur prix moyen de cession plus que doubler (113 %) en un an pour atteindre désormais 1,071 million d’euros. Il faut descendre au septième rang pour trouver une autre progression dans le domaine de la santé : les magasins d’optique dont le prix de vente a connu une hausse de 14,5 % à 270 529 euros. Une tendance à la hausse semble s’annoncer sur l’année 2024, comme le constate Thierry Millon, directeur des études Altares : « Le début d’année signale un regain sur le marché global de la transaction. 8 000 fonds de commerce ont changé de mains au cours des trois premiers mois, c’est 2 % de plus qu’il y a un an. Le prix moyen se maintient au-dessus de 240 000 euros à la faveur de cessions toujours plus onéreuses de supermarchés. »
In fine, à peine plus d’un village sur 10 a compté au moins une transaction sur son territoire en 2023
En termes de dynamisme, la région Auvergne Rhône-Alpes bénéficie d’une hausse des prix de cession moyens (+ 30,7 %) bien qu’elle subisse un recul de 5,5 % en nombre. La palme- en matière de volume de transactions de fonds de commerce- revient à l’Île-de-France qui enregistre une légère augmentation à +1,1% et surtout à la Corse où la hausse atteint 9,2 %. Les prix y flambent également à + 29,6 %, juste devant le Grand Est où le prix moyen des fonds de commerce s’affiche à 251 500 euros (+21,3%). Ces observations, particulièrement concernant la Corse rejoignent l’étude Interfimo. Celle-ci soulignait en effet que les officines se sont cédées l’année dernière à des prix supérieurs au marché, soit 3 fois leur marge brute globale ! Tandis qu’à l’autre bout de l’échelle des régions, le Centre- Val de Loire et la Bourgogne Franche-Comté sont à la peine avec une valorisation reposant sur 2,3 fois cet indicateur. »
L’inexorable dévitalisation des bourgs
Altarès observe par ailleurs que si l’officine se positionne au septième rang de la mobilité en nombre de transactions -841- en 2023, elle est le secteur le plus dynamique avec une croissance de 4,3 %. Parmi les dix activités où les échanges de fonds de commerce sont les plus nombreux en 2023, la pharmacie est d’ailleurs le seul secteur en progression si l’on fait exception de la restauration traditionnelle pour laquelle le nombre de transactions croît de 0,2 %. Sur un marché des transmissions en retrait de 2,5% en 2023, la pharmacie fait donc figure d’exception. Même si elle ne représente que 2,72 % du marché des quelque 30 290 mutations opérées en 2023 !
Il se pourrait également qu’elle reste le moteur de l’activité commerciale sur l’ensemble du territoire. Car son implantation demeure -pour l’heure- relativement homogène tandis que, sur l’ensemble des commerces, les opérations reculent de 9,4% dans les communes de moins de 2000 habitants. C’est seulement dans les villes moyennes (20 000 – 100 000 habitants) que les transactions augmentent (+2,2 %) tandis que les mutations sont en retrait de 4% dans les grandes villes et que les petites villes (5 000 à 20 000 habitants) peinent à stabiliser (-0,5%) le nombre d'échanges. Les bourgs ruraux (2 000 à 5 000 habitants) voient le nombre de transactions décliner de 1,8 %. « In fine, à peine plus d’un village sur 10 a compté au moins une transaction sur son territoire en 2023 » note l’étude. Cette dévitalisation des territoires, symbolisée par une chute de 22 % du nombre de mutations de boulangeries – pâtisseries, en 2023, soit le plus fort taux, devant celui des hôtels (- 10 %) et des commerces d'alimentation générale (-4,7%), est un signal désormais palpable pour la profession. La pharmacie, seul commerce au village, devient en effet de plus en plus une réalité.
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