Afin de freiner la propagation de l'épidémie de Covid-19, le Gouvernement a avancé l'horaire du couvre-feu à 18 heures dans l'ensemble des départements de métropole, pendant au moins quinze jours.
Pour maintenir l'accès au médicament, les pharmacies d'officine peuvent rester ouvertes selon leurs horaires habituels mais les pharmaciens s'attendent à une baisse d'affluence sur le créneau de fin d'après-midi/début de soirée. Ces incertitudes et plus généralement, le contexte dessiné par le couvre-feu, préoccupent les collaborateurs du titulaire.
Activité partielle : justifier une baisse d'activité
« Si le titulaire décide de fermer l'officine plus tôt que d'habitude, l'activité partielle doit être privilégiée avant d'entreprendre un rattrapage du temps de travail sur d'autres créneaux », commente Olivier Clarhaut, secrétaire fédéral de la branche pharmacie d'officine FO. Même pour une heure, la mise en activité partielle peut être demandée, avec certaines réserves. « L'activité officinale n'étant pas visée par le couvre-feu, la pharmacie ne bénéficie pas des mesures exceptionnelles d'activité partielle mises en place dans le cadre de la Covid », précise Philippe Denry, vice-président FSPF en charge de la branche entreprise officine. En outre, pour que la demande d'activité partielle soit acceptée, l'employeur doit justifier d'une baisse effective de l'activité de son entreprise. « À ce jour, nous n'avons pas le recul suffisant sur les contrôles qui seront effectués dans le cadre des demandes d'activité partielle durant cette période », note Muriel Viceriat, expert-comptable EXCO dans les Pyrénées Atlantiques.
Modifier les plannings… à conditions
Dans ce contexte de couvre-feu avancé, l'option visant à modifier les plannings semble la plus souple à mettre en œuvre. « L'objectif est d'adapter provisoirement le besoin en ressources humaines à l'affluence, en modifiant les horaires de travail des collaborateurs », explique Muriel Viceriat. « Cette option doit être discutée au préalable avec toute l'équipe, et une trace écrite de la décision consensuelle est recommandée », conseille Daniel Burlet, secrétaire adjoint en charge des affaires sociales USPO. « Pour les contrats à temps partiel, et d'une manière générale dès lors que les horaires de travail sont précisés dans le contrat signé entre l'employé et l'employeur, un avenant est nécessaire en cas de modification », ajoute l'élu USPO. « Pour toute modification, il faut également tenir compte du délai de prévenance de 7 jours, applicable pour les contrats de temps partiel », souligne Muriel Viceriat. Enfin, si le titulaire décide de fermer plus tôt le soir sans adapter les plannings des salariés, il doit maintenir la rémunération prévue par le contrat. « Autrement dit, dans cette situation, l'heure non travaillée est due », résume Philippe Denry.
L'insécurité, l'autre effet du couvre-feu.
Outre la diminution de la fréquentation, un autre phénomène peut conduire à modifier provisoirement les plannings de travail : l'insécurité. Rues désertes, rideaux de commerce baissés, transports en commun désaffectés, le couvre-feu à 18 heures au cœur de l'hiver crée une ambiance peu rassurante. Au mois de décembre, des médias généralistes ont rapporté une recrudescence du harcèlement de rue dans ce contexte inédit. « Suite à l'avancée du couvre-feu, une de mes collaboratrices m'a effectivement fait part de sa peur de rentrer chez elle à pied après 20 heures (horaire de fermeture de la pharmacie) », raconte Blandine Girot, pharmacienne à Paris. « Le fait qu'il n'y ait personne dans la rue et qu'il fasse nuit tôt ne rassure pas lorsqu'on sort de la pharmacie après l'horaire du couvre-feu. On ne traîne pas, de peur de faire des mauvaises rencontres », témoigne Elya, pharmacienne remplaçante. Avec ses collègues, la remplaçante explique avoir modifié quelques habitudes : « nous nous attendons après la fermeture pour partir ensemble, et nous nous envoyons un petit message dès que nous sommes arrivées à notre domicile. » Pour Philippe Denry, « il ne faut pas hésiter à évoquer cette inquiétude avec le titulaire, en particulier pour les collaborateurs qui habitent loin, afin de trouver la solution la plus satisfaisante en période de couvre-feu ».
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