Maître Baratelli : « Ce n'est pas le fabriquant de la gomme qui est coupable »

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Publié le 26/10/2017
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Me Olivier Baratelli a longuement plaidé, vendredi dernier, la relaxe de son client, la société Alliadis. Revenant sur cette plaidoirie, il détaille au « Quotidien » les arguments qui constituent la ligne de défense de l'éditeur informatique.
Me Olivier Baratelli, avocat d'Alliadis

Me Olivier Baratelli, avocat d'Alliadis
Crédit photo : DR

Pour Maître Baratelli, il y a les moyens de bon sens et ceux de droits. Le bon sens tient en une formule à la fois cash et explicite : « les pharmaciens n'ont besoin de personne pour faire des comptes d'apothicaire. » Autrement dit, précise-t-il, « il semble exister chez les pharmaciens une pratique bien particulière, concernant l'encaissement des espèces lors de la vente de produits non remboursables, qui passe hors comptabilité… » Si la pratique a cours dans nombre de commerces, l'avocat estime que la pharmacie serait, à cet égard, plus exposée que d'autres. À tel point, poursuit-il, que ces sommes en espèces sont parfois intégrées au calcul du chiffre d'affaires lors de la revente des officines. Autrefois, ces pratiques n'avaient besoin que d'un crayon papier et d'une gomme, et les pharmaciens n'ont pas attendu l'arrivée des logiciels pour y recourir, plaide-t-il en substance.

« Quand l'utilisateur de la gomme, ou du logiciel, profite de l'outil pour effacer ses turpitudes, ce n'est pas le fabricant de la gomme ou du logiciel, qui est coupable. » Et le défenseur d'Alliadis d'enfoncer le clou : « Nous fabriquons des logiciels capables de tout, mais c'est le pharmacien qui appuie sur le bouton. De la même façon qu'on n’accusera pas Renault parce qu'un conducteur roule à 180 km/h sur l'autoroute, il n'y a pas lieu d'incriminer Alliadis pour la puissance de son logiciel. »

Quant aux arguments de droits, l'avocat tient à souligner que ce n'est pas Alliadis qui fabrique le logiciel Alliance+, mais la société Alliance Software. Alliadis étant responsable de la seule commercialisation du logiciel, elle n'est donc pas, selon lui, pénalement incriminable. « Je trouve qu'Alliadis est injustement accusé. Il ne faut pas se tromper de cible. C'est avant tout des pharmaciens qui ont mis le doigt dans le pot de confiture », conclut Me Baratelli, qui a décidément le goût de la formule.

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3383