« Les logiciels ne seront pas prêts pour le 1er mars 2025, c’est certain » s’agace Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Les développeurs des logiciels de gestion de l’officine n’auront tenu ni le premier délai qui leur était imposé, ni la rallonge qui leur avait été accordée. Avec pour objectif d’améliorer la sécurité de la dispensation, la dématérialisation de la plupart des ordonnances avait été rendue obligatoire à compter du 31 décembre 2024.
Au 31 décembre 2024, un peu moins de 10 000 pharmacies, soit à peine plus de la moitié, avaient exécuté une ordonnance numérique
Pour les médicaments contenant du tramadol et de la codéine, cette obligation devait rentrer en vigueur le 1er décembre 2024, mais avait finalement été reportée au 1er mars 2025. Toutefois, durant le Comité technique paritaire permanent national (CTPPN) du 22 janvier, l’assurance-maladie a annoncé qu’au 31 décembre 2024, un peu moins de 10 000 pharmacies, soit à peine plus de la moitié, avaient exécuté une ordonnance numérique et que seulement 17 000 en ont la capacité. Pourtant, il devient urgent pour les officines d’être en mesure de gérer ces documents numériques. En décembre 2024, plus de 4,8 millions d’ordonnances numériques ont été émises, mais seulement 180 000 ont été exécutées. Parmi les 11 logiciels de pharmacie autorisés par le Centre national de dépôt et d’agrément (CNDA), les performances sont inégales. « Ça avance, mais en ordre dispersé, commente malgré tout optimiste Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), ça devrait être une question de semaines. »
Deux ans de retard
Tandis que plusieurs éditeurs ont commencé à déployer leur mise à jour, permettant ainsi aux officinaux de répondre aux besoins de leurs patients puis de communiquer à l’organisme payeur ces dispensations réalisées pour en être remboursés, d’autres en sont encore à la phase de présérie. Ces logiciels « ont reçu l’agrément et sont en cours d’installation chez une petite cohorte de pharmaciens, avant d’être déployés dans leur totalité » explique le président de la FSPF. Cette phase, qui doit initialement durer quelques mois, pourrait être prolongée si les utilisateurs rencontrent des difficultés à l’utilisation du logiciel. Quatre éditeurs seulement se partagent plus de 96 % des parts de marché, soit un peu plus de 19 000 officines. Selon les estimations de l’organisme payeur, pour trois d’entre eux, au moins 75 % des pharmacies qui utilisent leurs logiciels auront exécuté une ordonnance sécurisée avec succès au 1er mars. Une performance qui pourrait être satisfaisante, si elle est réalisée en temps et en heure. « Les logiciels auraient dû être fonctionnels il y a déjà 2 ans » s’agace Pierre-Olivier Variot. Quant à SmartRX, le troisième éditeur du quatuor de tête en termes de parts de marché (14,8 % soit 2 953 officines), il est loin derrière. L’assurance-maladie, lors de la CTPPN, a estimé à seulement 10 % les pharmacies utilisant ce logiciel qui auront exécuté avec succès une ordonnance sécurisée au 1er mars 2025 et, selon Philippe Besset, ce serait 500 pharmacies qui attendraient encore la mise à niveau permettant la télétransmission.
Si les pharmacies ne peuvent pas télétransmettre, elles sont mortes.
Pierre-Olivier Variot
En effet, les syndicats pointent des discordances entre éditeurs de logiciels dans la mise à jour des normes de télétransmission. Allant à l’encontre de ce qui a été décidé lors de la mise en place du Ségur, d’aucuns feraient même payer ce service aux pharmaciens abonnés pour y accéder. Or en l’absence de mise à jour, toute télétransmission sera rendue impossible, dénoncent les représentants de la profession. « Ce n’est pas ce qui avait été convenu, s’inquiète le président de l’USPO, si les pharmacies ne peuvent pas télétransmettre, elles sont mortes. » Or liés par contrat à leurs éditeurs, les titulaires concernés par ce dysfonctionnement ne peuvent pas changer de crèmerie aussi facilement. Face à ces interrogations qui ne datent pas d’hier, Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de l’assurance-maladie, s’était voulue rassurante en octobre dernier. Dans une interview accordée au « Quotidien du pharmacien » (lire notre article du 26 septembre 2024), elle avait temporisé en expliquant que l’année 2025 allait être une année de « transition » et que des délégués numériques en santé seraient dédiés à l’accompagnement des pharmaciens. Charge à ces derniers de ne pas laisser les officinaux sans solution.
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