HUMEUR

Apéro gênant

Publié le 20/05/2010
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Comme son nom l’indique, l’apéritif n’a pour objectif qu’ouvrir l’appétit. La notion, soudain très contestée, d’« apéro géant » devrait donc être complétée par la notion de déjeuner (ou de dîner) pantagruélique. De sorte que les problèmes logistiques posés par l’apéro à la mode d’Internet me semblent dérisoires par rapport à l’organisation d’un repas servi à trente mille personnes. En seconde analyse, il apparaît que l’apéro géant, qu’on pourrait appeler aussi apéro gênant, est considéré comme une fin en soi. J’en vois la meilleure preuve dans le taux d’alcoolémie des participants qui, lorsqu’ils ne tombent pas d’un pont pour se fracasser sur la chaussée, plongent dans un coma éthylique. Au moins peut-on dire de ceux qui échappent à une issue fatale que, s’ils n’ont rien fait pour éviter une cirrhose du foie, ils auront réduit leur ingestion de calories. Du coup, la notion d’apéro devient caduque. Elle doit être remplacée par celle de beuverie. Quant à la gêne causée aux riverains, importunés par le tapage, l’accumulation de déchets et le risque de violence inhérent aux grands attroupements, elle ne doit être évaluée, bien sûr, qu’avec modération.

› RICHARD LISCIA

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2751