Nouvelles missions et agencement

Comment l’officine s’adapte au télésoin et à la pharmacie à distance

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Publié le 28/09/2021
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À l’heure où la santé a opéré un virage vers le numérique, l’officine ne saurait faire exception. Télésoin et pharmacie à distance, si ce n’est déjà le cas, feront partie des nouvelles missions des pharmaciens. Et cela ne se fera pas sans une organisation rigoureuse au sein de l’officine.

Le numérique en santé : quels intérêts aujourd’hui ?

Le numérique en santé présente plusieurs intérêts. Ainsi, outre le développement de la coordination des soins pour une prise en charge globale du patient, de l’interprofessionnalité et de la prévention, il permet de favoriser l’accès aux soins, notamment dans les zones de désertification médicale. En officine, le télésoin se destine en priorité à des actions d’accompagnement comme les entretiens pharmaceutiques et les bilans partagés de médication. Mais la pharmacie à distance a également montré ses avantages lors de la crise sanitaire du Covid-19, en particulier avec les prescriptions dématérialisées afin d’inciter les plus fragiles à rester chez eux.

Les conditions réglementaires

Le télésoin est une forme de pratique de soins à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication. Il met ici en rapport un patient avec un pharmacien. Cette activité doit être réalisée dans des conditions qui garantissent la qualité et la sécurité des soins.
Tout d’abord, le recours au télésoin relève d’une décision partagée entre le pharmacien et le patient (assisté d’un proche si besoin) ; ce dernier doit donc être bien informé au préalable et donner son consentement. De plus, cet acte doit répondre aux mêmes exigences qu’un soin en présentiel, à savoir le respect des règles d’exercice, de la déontologie et des bonnes pratiques. Enfin, le matériel utilisé doit garantir la confidentialité et la sécurité du partage des données via une messagerie de santé sécurisée (MSS) ou une plateforme d’échanges avec un stockage agréé « hébergement des données de santé » et un poste informatique sécurisé.

Et en pratique ?

La pharmacie à distance est une activité supplémentaire pour le pharmacien. Pour qu’elle ne soit pas vécue comme une contrainte chronophage et un motif de stress mais plutôt comme un moyen d’élargir son activité, autant bien la préparer. Par exemple, le fait de prévoir des plages horaires dédiées au télésoin permet non seulement d’éviter d’être dérangé pendant cet acte mais aussi de gérer en amont les plannings du personnel dédié et des collaborateurs assurant le travail au comptoir pendant ce temps.
Pour ce qui est de l’espace dédié, le local de confidentialité est le plus indiqué. Au gré des nouvelles missions du pharmacien, il est d’ailleurs devenu un incontournable de l’officine. La HAS recommande ainsi de s’installer dans un lieu calme et lumineux permettant d’être bien vu et de respecter la qualité et la confidentialité des échanges. À noter également qu’à l’heure actuelle, un appel téléphonique n’est pas considéré comme un acte de télésoin (hors mesures dérogatoires liées au Covid-19). En effet une vidéotransmission est indispensable pour prétendre à une prise en charge par la Sécurité sociale.
Enfin, un compte rendu doit être rédigé en fin de séance puis ajouté au dossier du patient et si possible à son DMP (dossier médical partagé). Il doit également être transmis de façon sécurisée au patient et idéalement aux autres professionnels de santé intervenant dans sa prise en charge, notamment son médecin traitant.

 

Anne-Sophie Lebrun-Leroy

Source : Le Quotidien du Pharmacien