Une baisse de la consommation sans précédent en 2020

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Publié le 23/11/2021
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Si une chute de près de 20 % de la consommation d'antibiotiques a été enregistrée par Santé publique France en 2020, l'Hexagone se distingue malgré tout par une consommation d'un tiers supérieure à celle de ses voisins.
La prescription des pénicillines à large spectre s'est effondrée l'an passé

La prescription des pénicillines à large spectre s'est effondrée l'an passé

Si cela fait déjà plusieurs années que la consommation d'antibiotiques a baissé en France, 2020, marquée par le Covid, a vu cette tendance s’accentuer. Selon les derniers chiffres de Santé publique France, les prescriptions d'antibiotiques ont été de 18 % inférieures à ce qui était attendu et la consommation a chuté de près de 20 % l'an dernier par rapport à 2019.

En un an, cette baisse est donc équivalente à celle enregistrée sur toute la période 2009-2019. Gestes barrières, quasi-absence de certaines infections courantes (respiratoires notamment), confinements, plus grande difficulté à consulter un médecin sont autant de facteurs qui expliquent pourquoi les patients ont moins eu recours à l'antibiothérapie. Si toutes les classes d'antibiotiques ont connu une baisse en 2020, la consommation a, dans l'ensemble, « été peu impactée par le Covid-19 », souligne toutefois Santé publique France.

80 % des antibiotiques prescrits en ville

C'est surtout une catégorie en particulier qui a enregistré une baisse notable : les pénicillines à large spectre (et donc l'amoxicilline en premier lieu). Une classe d'antibiotiques qui représentait à elle seule 34,2 % de la consommation totale en doses définies journalières (DDJ) en 2020. Alors que leur consommation avait augmenté continuellement entre 2010 et 2019 (+55,2 %), à l'inverse des autres classes d'antibiotiques donc, elle s'est effondrée l'an passé (de 8,6 prescriptions journalières pour 10 000 habitants en 2019 à 6,2 en 2020).

Malgré cette baisse sensible, dont l'ampleur est peut-être en grande partie due à un phénomène ponctuel, la consommation d'antibiotiques en France reste supérieure de près d'un tiers à la moyenne européenne. Au cours des prochaines années, « il faudra établir si la pandémie a modifié les comportements et a contribué à renforcer le respect des mesures d’hygiène », souligne Philippe Cavalié, coauteur de l’étude publiée par Santé publique France. « Dans ce cas, une moindre utilisation des antibiotiques pourrait être durablement observée », ajoute-t-il.

Aujourd’hui, environ 80 % des antibiotiques sont prescrits en ville (70 % par les généralistes et 10 % par les chirurgiens-dentistes) et 20 % dans les établissements de santé. Un tiers de ces 20 % est prescrit aux patients hospitalisés, et le reste essentiellement lors des consultations, d’un passage aux urgences ou à la sortie d’hospitalisation du patient. Selon plusieurs études, environ la moitié des prescriptions d’antibiotiques sont jugées inutiles ou inappropriées, qu'il s'agisse du choix de l’antibiotique ou de la durée de traitement.

Pascal Marie

Source : Le Quotidien du Pharmacien