La santé des Européens passée au crible

Un manque de prévention généralisé

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Publié le 12/10/2023
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Depuis 2018, le groupe allemand Stada, maison mère du génériqueur EG Labo, publie une étude sur la santé des Européens qui intègre cette année 16 pays, soit 32 000 participants. Prévention, vaccination, alimentation, santé mentale… En 2023, les résultats pointent le manque généralisé de prévention, un sujet d’autant plus préoccupant qu’il se heurte aujourd’hui à une réduction des dépenses de santé en raison de l’inflation.
Un service essentiel pour un français sur deux

Un service essentiel pour un français sur deux
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

C’est peut-être le résultat le plus inquiétant issu du rapport Stada Health pour 2023 : 85 % des Européens (et 86 % des Français) ne se soumettent pas à des examens de prévention adéquats. Ils sont même 42 % à ne se rendre à aucun examen de santé (43 % en France). Des résultats qui ne varient pas avec l’âge puisque la fréquentation n’augmente que légèrement à partir de 44 ans.

Les femmes (62 %) sont les plus susceptibles de réaliser les examens de prévention recommandés (versus 53 % pour les hommes). La France se distingue par une meilleure adhésion au dépistage du cancer du sein (58 %) que le reste de l’Europe (50 %) mais les Françaises sont moins nombreuses (63 %) à effectuer des examens gynécologiques (versus 68 % en Europe). En revanche, l’Hexagone reste en retrait pour le dépistage du cancer de la prostate chez les hommes de plus de 55 ans (39 %) face à la moyenne européenne (46 %). Les raisons invoquées : le manque d’information et le coût des soins de prévention.

Crainte des pénuries

Le constat est d’autant plus inquiétant pour le groupe Stada, que « les Européens ont tendance à réduire leurs dépenses de santé en raison de l’inflation ». En effet, une personne sur deux se dit inquiète de sa situation financière personnelle et 58 % des répondants sont contraints de limiter leurs dépenses de santé en raison du contexte économique. La question du coût touche en particulier les plus jeunes : 19 % des 18-24 ans sont susceptibles de renoncer à des dépenses de médicaments, ils sont 20 % en France. Et près d’un Européen sur quatre s’inquiète de l’accès aux médicaments alors que les pénuries s’amplifient. Une crainte qui touche particulièrement les Portugais (56 %), les Tchèques (53 %) et les Allemands (50 %), loin devant les Français (38 %). Dans les faits, 18 % des Européens et 15 % des Français ont directement expérimenté des difficultés à obtenir des traitements pour eux-mêmes ou pour un proche.

Dans un autre registre, les avis sur la vaccination en pharmacie varient d’un pays à l’autre, portés par la réalité de terrain. Aussi, alors que la moyenne européenne est de 24 %, 52 % des Français estiment que la vaccination est un service essentiel en pharmacie.

Le rapport Stada Health recèle aussi de bonnes nouvelles. En effet, 73 % des Européens ont davantage pris soin d’eux-mêmes aux cours de l’année écoulée, par exemple en adoptant un régime alimentaire plus sain (27 %) ou en recherchant des conseils auprès d’un professionnel de santé tel que leur médecin généraliste (22 %) ou leur pharmacien (16 %). En outre, le bien-être mental s’est amélioré de 10 points de pourcentage par rapport à 2022 pour atteindre 67 % (71 % en France), tout comme la qualité de sommeil qui a gagné 5 points.

M. M.

Source : Le Quotidien du Pharmacien