Le Quotidien du pharmacien.- La déontologie est-elle différente de l’éthique ?
Audrey Uzel.- La déontologie correspond à un corpus juridique auquel on se réfère pour apprécier une pratique professionnelle. Autrement dit, c’est la conscience d’une profession. Pour les pharmaciens, les règles déontologiques sont regroupées dans un code intégré au code de la Santé publique. Ce code s’impose aux pharmaciens et aux sociétés d’exercice libéral inscrits dans l’un des tableaux de l’Ordre (article R4235-1). Les étudiants en pharmacie doivent eux aussi respecter ce code de déontologie, dès lors qu’ils en ont pris connaissance.
A côté de ces règles déontologiques, l’éthique se définit davantage comme une valeur morale. L’éthique correspond à des règles et des principes que l’on respecte à titre individuel ou sociétal. L’éthique est liée à tout un chacun, mais aussi au cadre professionnel dans lequel on évolue. Par exemple, pour les préparateurs qui, par définition, ne sont pas soumis au code de déontologie, c’est l’éthique qui guide leurs responsabilités professionnelles envers les patients ou envers leurs collègues, responsabilités qui doivent d’ailleurs être notifiées dans le contrat de travail. Dans une officine, l’activité est à la lisière entre la santé et le commerce, mais c’est le rayonnement du professionnel de santé qui va prendre le dessus. L’ éthique conduit le pharmacien et les personnes qui exercent sous sa responsabilité à intervenir en mettant en avant leur conseil et leurs connaissances au service de la santé de la population.
Est-on complice si on se tait devant une démarche non déontologique ?
On ne peut pas parler de complicité sauf à participer à une démarche ou à encourager clairement un comportement en désaccord avec les principes déontologiques. Il y aurait complicité si un pharmacien salarié acceptait d’être mis en avant dans une vidéo promotionnelle par exemple, diffusée sur les réseaux sociaux. Cependant, sans être complice au sens juridique, la position de témoin d’une pratique non déontologique peut froisser l’éthique professionnelle. Même si ce n’est pas lui qui a enfreint le code de déontologie, l’adjoint peut se sentir coupable de ne pas avoir dit ou de ne pas avoir essayé de ramener un confrère ou une consœur dans le cadre déontologique.
Est-ce par loyauté qu’on préfère ne rien dire ?
Non, il n’y a rien de loyal ou de confraternel à se taire pour couvrir des dérives déontologiques qui mettent en danger les patients et ternissent l’image de la profession dans son ensemble. Même si le silence ou la fuite sont parfois une façon de se protéger en tant que témoin, pour ne pas s’exposer à des représailles par exemple. Au contraire, faire preuve de loyauté, c’est dire à un autre pharmacien, qu’il soit titulaire ou adjoint d’ailleurs, qu’il a franchi la ligne. Dans ces conditions, la médiation peut être une aide précieuse pour faciliter la communication.
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