À partir du 1er mars, soit dans tout juste une semaine, le tramadol, la codéine et la dihydrocodéine devront être prescrits sur des ordonnances sécurisées. Une mesure qui aurait déjà dû entrer en vigueur il y a trois mois mais qui avait été reportée car de nombreux pharmaciens n’étaient alors pas équipés pour lire le QR Code des ordonnances sécurisées numériques. Si ce problème a été pratiquement réglé, d’autres questions sont encore en suspens…
Ce 21 février, les syndicats de pharmaciens étaient conviés à une réunion par le ministère de la Santé. Une entrevue qui avait pour but d’évoquer l’application de la mesure visant à rendre obligatoire le recours à des ordonnances sécurisées pour tout médicament contenant du tramadol, de la codéine ou de la dihydrocodéine. Il faut dire que le temps presse. Cette mesure, censée limiter les risques de dépendance, de surdosage ou d’abus sur ces opioïdes, doit entrer en vigueur à compter du 1er mars, comme cela a été confirmé dans un courrier OSMOSE reçu ce vendredi matin par les pharmaciens de certains départements. Malgré l’imminence de l’échéance, de nombreux points ne sont pas encore éclaircis. « Je suis sorti de la réunion un peu énervé », confie en effet Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Un élément est aujourd’hui acquis, il n’y aura pas de nouveau report cette fois-ci. « À partir du 1er mars, les pharmaciens devront avoir une ordonnance papier sécurisée classique ou bien une ordonnance sécurisée numérique (avec un QR Code unique) », pour toute prescription de tramadol, codéine et dihydrocodéine, confirme le président de la FSPF.
Le courrier OSMOSE, que tous les pharmaciens ont reçu, ou vont recevoir dans les prochains jours, résume les principaux éléments à connaître. Premièrement, les officinaux devront « vérifier sur l'ordonnance sécurisée si le dosage, la posologie et la durée du traitement sont inscrits en toutes lettres. Si l'ordonnance sécurisée ne comporte pas les mentions obligatoires, la délivrance ne sera pas possible », précise l’assurance-maladie. En plus de l’obligation de recourir à des ordonnances sécurisées pour les spécialités mentionnées, une deuxième mesure entre en vigueur : « la durée maximale de prescription des médicaments contenant de la codéine (ou de la dihydrocodéine) sera alignée sur celle du tramadol, soit 12 semaines ». Par conséquent, « au-delà de la durée maximale de prescription des médicaments contenant de la codéine (12 semaines donc), une nouvelle ordonnance sécurisée sera requise pour poursuivre le traitement ». Enfin, « pour sécuriser la dispensation, les pharmaciens devront impérativement utiliser un Logiciel de Gestion à l'Officine (LGO) qui permet de lire le QR code de l'ordonnance numérique », souligne le courrier OSMOSE. « Si l’ordonnance sécurisée est numérique, elle ne pourra être utilisée que sous ce format donc si un pharmacien ne peut pas la lire parce que son logiciel n’est pas prêt, il devra alors renvoyer le patient vers un confrère », complète Philippe Besset.
Voilà pour ce qui semble relativement clair aujourd’hui. Le courrier OSMOSE ne répond cependant pas à toutes les questions que se posent les pharmaciens. Tout d’abord, le niveau de connaissance des médecins sur cette réforme est-il suffisant ? Pour éviter toute confusion, Philippe Besset a réclamé qu’un message soit envoyé aux prescripteurs par la direction générale de la santé (DGS) via un DGS-Urgent. Deuxième point qui reste flou aujourd’hui : quid des ordonnances renouvelables rédigées avant le 1er mars ? Plusieurs pharmaciens ayant interrogé la FSPF sur ce point, le syndicat a donc de nouveau posé la question aux autorités compétentes. « Le ministère de la Santé nous a tout d’abord répondu qu’elles ne seraient pas valables et qu’il faudrait donc une nouvelle ordonnance, explique Philippe Besset. Sauf que ce n’est pas ce que nous avions lu sur le site de l’ANSM donc nous avons demandé une précision écrite et ce, avant la fin de la semaine prochaine. » Sur ce dernier point, les pharmaciens risquent donc fort de devoir attendre jusqu’à la dernière minute avant d’être fixés.
Autres sujets d’interrogation qui perdurent : que va-t-il falloir faire avec les ordonnances provenant de la régulation du SAMU ou des urgences ? Ou encore, les pharmaciens pourront-ils traiter des ordonnances envoyées par fax ? « Tout n’est pas encore clair concernant certaines modalités », résume Philippe Besset, agacé de voir une nouvelle fois qu’une mesure importante est mise en place avec une préparation loin d’être optimale. Il reste encore quelques jours au ministère et à l’assurance-maladie pour apporter des réponses et éviter que cette réforme ne se mette en place dans la confusion.
Une idée de l’assurance-maladie
Médicaments, pansements : quelle est cette expérimentation contre le gaspillage ?
A la Une
Révision de la grille des salaires : ce qui va changer
Santé et bien-être
GipharLab, un incubateur pour accompagner de jeunes marques
Expérimentation
Vaccination du voyageur chez Wellpharma