Kenza se précipite dans le back-office, prétextant aller chercher le médicament dans le réfrigérateur pour abandonner le patient pendant quelques minutes.
- Regardez ! C’est moi qui ai gagné, s’écrie la pharmacienne en agitant un papier devant ses collègues.
- Montre, dit Julien incrédule.
- Alors ?, demande Christèle.
- Alors c’est un vrai justificatif. Qu’est-ce que vous croyez ? Que je vous fais marcher ? plaisante Kenza assise sur fauteuil roulant.
Ne résistant pas à l’humour de leur collègue, les autres éclatent de rire.
- J’ai gagné. Vous me paierez un verre chez Gigi, ajoute l’adjointe fière d’elle.
Pour distraire l’équipe, Julien avait lancé un défi à ses collègues : le premier qui obtiendrait un justificatif en bonne et due forme attestant la prise en charge d’un analogue du GLP-1 serait le gagnant.
- Attends un peu. La prise en charge est acceptée ou refusée ?
- Ah non, tu n’avais pas précisé qu’il fallait que la réponse soit positive. Et de toute façon, c’est positif. Le patient est diabétique de type 2 et traité par de la metformine en plus. Et toc !
- Désolée de vous déranger. Quelqu’un peut venir m’aider ?, intervient Alice.
- Yes, dis-moi, répond Julien.
- Regarde. Sur l’ordonnance, il y a une posologie inhabituelle de desloratadine, de deux comprimés par jour.
- En effet. Je t’accompagne.
Lorsque Julien et l’étudiante arrivent au comptoir, la cliente commence à s’énerver :
- À chaque fois c’est pareil. Je vais être franche avec vous : c’est très pénible que vous remettiez toujours en question ce que le médecin prescrit. Il sait quand même ce qu’il fait…
- Bonjour madame. C’est tout à fait normal que ma collègue demande confirmation parce qu’il s’agit d’une dose non recommandée, explique Julien tranquillement.
La cliente poursuit :
- Mais ce n’est pas la première fois que le médecin prescrit cette dose. Mon mari fait des rhinites allergiques sévères et un comprimé par jour ne suffit pas à le calmer. Je vous demande juste de me donner le médicament que le médecin a prescrit.
Alice devient toute rouge :
- Vous savez Madame, nous ne sommes pas que des distributeurs de boîte. Il arrive que les médecins se trompent.
Encore une fois, Julien tente d’apaiser la cliente, et sa collègue par la même occasion :
- Nous allons contacter le médecin pour confirmer la posologie, et nous allons l’inscrire dans le dossier de votre mari.
Le médecin est injoignable. Julien décide de délivrer la prescription :
- Nous appellerons le médecin plus tard. C’est une posologie hors AMM mais déjà vue.
- Tout ça pour ça. Quelle perte de temps, répond la cliente d’une voix tremblotante.
Irritée par cette dernière provocation, Alice répond :
- Madame, nous sommes autant responsables que les médecins en cas d’erreur ou de problème liés à une prescription. Le travail du pharmacien ne se limite pas à pousser des boîtes.
Alors que le ton monte entre les deux femmes, Julien tourne la tête vers la vitrine :
- Oh, il neige !
Les flocons qui tombent lentement ont un effet apaisant sur Alice et la cliente. Cette dernière reprend la parole :
- Excusez-moi de m’être emportée. Je comprends que vous fassiez votre travail.
(À suivre…)
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