Cas de comptoir
Le contexte : Mme L, 37 ans, est enceinte de son deuxième enfant. Elle se sent un peu fébrile et a quelques boutons sur le thorax. Sa fille aînée de 4 ans a eu la varicelle récemment. Elle vous demande quoi faire.
Votre réponse : « Compte tenu de la sévérité potentielle d’une varicelle chez la future maman ou le bébé à naître, il est impératif de consulter très rapidement un médecin. »
Définitions
- Macules : lésions dermatologiques représentées par des taches cutanées planes de couleur variable.
- Vésicules : soulèvements épidermiques contenant un liquide clair (1 à 2 mm de diamètre).
- Croûtes : éléments correspondant à la coagulation d’un exsudat (pus, sang, sérosité).
- Ulcérations : processus caractérisé par une perte de substance de la peau ou d’une muqueuse.
- Syndrome de Reye : atteinte cérébrale et hépatique rare pouvant engager le pronostic vital, survenant presque exclusivement chez les enfants après une infection virale, en particulier lors de la prise de salicylates.
700 000 cas de varicelle sont diagnostiqués chaque année en France
Des symptômes cutanés… mais pas que !
Une primo-infection par le virus varicelle-zona (VZV)
La varicelle est une infection systémique aiguë due au virus varicelle-zona. Il s’agit d’un herpès virus dont le seul réservoir est l’humain. La varicelle est en réalité la manifestation d’une primo-infection de l’organisme à ce virus. À la suite de cette primo-infection, il va rester latent dans les ganglions nerveux sensitifs et pourra se réactiver, souvent de nombreuses années plus tard, sous forme de zona.
La plupart du temps, ces réactivations ont lieu lorsque l’organisme est affaibli (défenses immunitaires faibles, fatigue, pathologie chronique…).
Reconnaître une varicelle
La varicelle survient après une période d’incubation de 10 à 21 jours pendant laquelle l’enfant ne présente aucun symptôme. Puis des macules (petites taches rosées) apparaissent. Elles vont ensuite se transformer en vésicules contenant un liquide clair puis en vésicules ombiliquées (autrement dit avec un petit trou au milieu) qui vont se dessécher et finir par former des croûtes.
Cette éruption cutanée débute en général au niveau du thorax mais évolue en 2 ou 3 poussées pour ensuite s’étendre sur la totalité du corps, y compris sur le visage et le cuir chevelu ou même à l’intérieur de la bouche et sur les muqueuses génitales, où elle peut prendre l’aspect d’ulcérations. Elle respecte néanmoins la paume des mains et la plante des pieds. L’éruption dure habituellement de 7 à 10 jours, s’accompagne d’un prurit important et souvent d’une fièvre modérée.
Comme elle évolue en plusieurs poussées, on observe cliniquement une coexistence des lésions à différents stades d’évolution. De plus, le nombre de boutons est très variable d’un enfant à l’autre : de 10 à 2 000 vésicules.
Expliquer comment se transmet la varicelle
La varicelle est une maladie saisonnière pour laquelle on observe deux pics : en mars-avril et en juin-juillet.
Le VZV est un virus très contagieux et se transmet principalement de deux façons : soit par contact direct avec les vésicules de la personne atteinte, soit par voie respiratoire, par inhalation de gouttelettes de salive projetées par la toux ou les éternuements.
Le patient atteint de varicelle est contagieux 48 heures avant l’apparition de l’éruption cutanée et jusqu’à ce que toutes les vésicules aient formé une croûte, soit une à deux semaines au total.
Le virus peut également être transmis par voie transplacentaire lorsqu’une femme non immunisée contracte la varicelle pendant sa grossesse.
L’éviction scolaire n’est pas obligatoire mais que ce soit pour le confort de l’enfant ou pour protéger les personnes sensibles potentiellement contact, il est préférable lorsque cela est possible d’attendre quelques jours pour remettre l’enfant à l’école.
En revanche, lorsque c’est un personnel soignant qui est touché, une éviction doit être respectée.
Connaître les complications possibles
Même si elle est le plus souvent bénigne, la varicelle peut parfois être source de complications. Les lésions cutanées qu’elle provoque peuvent ainsi se surinfecter en cas de grattage et même être à l’origine d’un impétigo. C’est pourquoi il est important de soulager le prurit.
La varicelle peut entraîner d’autres complications, plus rares mais plus sévères, en particulier chez les nourrissons de moins d’un an, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées. Elle peut ainsi provoquer des troubles neurologiques (on parle d’encéphalite varicelleuse) se traduisant par des maux de tête, une désorientation et des convulsions. Le VZV peut également atteindre les poumons et entraîner une pneumopathie, appelée pneumopathie varicelleuse (complication la plus fréquente chez l’adulte). Elle se manifeste par une toux persistante, une dyspnée et une douleur thoracique.
L’utilisation d’un antiviral n’est d’ailleurs recommandée que dans les formes graves ou compliquées de la varicelle mais en aucun cas dans les formes banales.
Les lésions cutanées peuvent être à l’origine d’une surinfection en cas de grattage
Varicelle et grossesse
Lorsqu’une femme contracte le VZV pendant sa grossesse, le virus peut être transmis au fœtus par voie transplacentaire. La gravité de l’infection dépend du stade de la grossesse.
Si elle survient avant la 20e semaine d’aménorrhée, on parle de varicelle congénitale et les conséquences sont dramatiques car elle entraîne des malformations en période de développement du fœtus. L’atteinte reste très rare puisque le risque de varicelle congénitale est de 1 à 2 %.
Entre la 20e et la 36e semaines d’aménorrhée, la varicelle congénitale est beaucoup moins dangereuse puisque le risque pour le bébé à naître est de développer un zona pendant sa première année de vie.
Enfin, lorsque la future maman contracte la varicelle entre 5 jours avant l’accouchement et 2 jours après, on parle de varicelle néonatale. Dans ce cas, le risque de complications pulmonaires chez le nouveau-né est important et redouté. En effet, le taux de mortalité atteint 30 % lorsque la varicelle survient chez un nourrisson de moins d’un mois.
Les futures mamans sont également particulièrement sensibles face au risque de pneumonie varicelleuse puisque leur volume pulmonaire est diminué du fait de la place que prend le fœtus.
En revanche, un nourrisson né d'une mère immunisée contre la varicelle est protégé par les anticorps de sa mère pendant 3 à 6 mois.
Et la vaccination alors ?
En France, la vaccination contre la varicelle n’est recommandée qu’à partir de l’âge de 12 ans chez les personnes non immunisées naturellement, notamment les femmes en âge de procréer, les adultes ayant été en contact avec un cas de varicelle (la vaccination doit dans ce cas se faire sous 3 jours), les personnes en contact étroit avec des personnes immunodéprimées ou les professionnels de santé et de la petite enfance.
Il s’agit de vaccins vivants atténués (Varilrix, Varivax), contre-indiqués pendant la grossesse (la grossesse doit être évitée dans le mois suivant la vaccination), qui nécessitent 2 doses avec un intervalle minimum d’un mois.
Il est intéressant de voir que la vaccination contre la varicelle est recommandée dès l’âge d’un an dans d’autres pays comme les USA, le Canada, l’Allemagne…
La vaccination contre la varicelle est recommandée à partir de l’âge de 12 ans chez certains publics cibles
Conduite à tenir
Pas d’aspirine pendant la varicelle !
La prise d’aspirine est contre-indiquée pendant la varicelle afin d’éviter un syndrome de Reye.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’ibuprofène doivent également être évités car ils peuvent favoriser la survenue de complications bactériennes. Les corticoïdes sont également contre-indiqués en cas de varicelle.
En cas de fièvre, le paracétamol est à conseiller en première intention en respectant les posologies habituelles.
Lutter contre le prurit pour limiter les surinfections
Les démangeaisons occasionnées par la varicelle peuvent être très fortes. Au-delà de la gêne occasionnée, elles peuvent également être source de complications lorsque le grattage est très important. C’est pourquoi il faut rappeler aux parents de couper court les ongles de leurs enfants et de veiller à ce qu’ils aient les mains propres. De plus, les bains doivent être évités et des douches tièdes et rapides recommandées, la chaleur réactivant le prurit.
Le médecin pourra également prescrire un anti-histaminique per os afin d’améliorer le confort.
Attention à la cicatrisation
Afin d’éviter de conserver des marques de la varicelle, les boutons doivent être étroitement surveillés.
Après les avoir désinfectés à l’aide d’un antiseptique à base de chlorhexidine (si elle est aqueuse, elle ne piquera pas…), une solution asséchante peut être appliquée.
Mieux vaut éviter l’éosine qui, de par sa couleur, risque de masquer une surinfection.
En fin de varicelle, une crème cicatrisante pourra également être utilisée afin d’éviter de conserver des cicatrices.
L’exposition au soleil devra être évitée plusieurs mois.
Les produits conseils
Les produits d’hygiène
Le gel douche habituel peut être remplacé par un gel moussant cicatrisant comme Exomega control (A-Derma) ou Cicalfate+ gel nettoyant assainissant (Avène).
La peau doit ensuite être séchée sans frotter mais en tamponnant doucement à l’aide d’une serviette propre.
Les antiseptiques
Les lésions de varicelle, en particulier celles qui ont été grattées, doivent être désinfectées avec des antiseptiques à base de chlorhexidine comme Diaseptyl ou Biseptine.
Les cicatrisants
L’utilisation de sprays asséchants cicatrisants comme Cicaplast B5 (La Roche Posay) permet de sécher plus rapidement les boutons. Ils ont également une action apaisante.
En fin de varicelle, l’application de crèmes cicatrisantes comme Cicalfate crème (Avène) sur les marques résiduelles permet d’en améliorer l’aspect voire de les faire disparaître.
On peut également préconiser des crèmes solaires cicatrisantes à appliquer toutes les 2 heures en cas d’exposition au soleil comme Cicaplast baume B5 SPF50+ (La Roche Posay) ou Cicabio SPF50+(Bioderma).
En complément
Pour les adeptes de l’homéopathie, on peut conseiller des granules d’Apis mellifica, de Rhus toxicodendron et de Mezereum.
Du tac au tac
- « Mon fils a la varicelle et un bouton est apparu dans l’œil ! »
C’est effectivement possible, mieux vaut consulter un ophtalmologiste pour s’assurer que la cornée n’est pas abîmée. En attendant, rincez simplement son œil au sérum physiologique.
- « Peut-on attraper la varicelle deux fois ? »
C’est très rare mais oui !
- « Ma fille était chez ses grands-parents avec sa cousine atteinte de varicelle le week-end dernier mais elle n’a pas de boutons pour l’instant. Elle ne l’a donc pas attrapée ? »
Il est trop tôt pour le dire, la varicelle a une incubation de 10 à 21 jours.
- « J’ai 40 ans et j’ai gardé mon neveu hier qui a la varicelle. Je ne l’ai pas eu personnellement, puis-je faire quelque chose pour éviter de l’avoir ? »
Oui, vous faire vacciner !
Points clés
- La varicelle correspond à une primo-infection par le virus varicelle-zona.
- Elle se traduit par une éruption cutanée prurigineuse évoluant en 2 ou 3 poussées et pouvant s’accompagner d’une fièvre modérée.
- Extrêmement contagieuse, elle se transmet par contact direct avec les lésions ou par voie respiratoire.
- La plupart du temps bénigne, la varicelle peut néanmoins entraîner des complications plus ou moins sévères : surinfections, troubles neurologiques et pneumopathies.
- Contractée pendant la grossesse, la varicelle peut être extrêmement dangereuse.
- La vaccination n’est pas recommandée avant 12 ans en France.
- L’usage d’aspirine est contre-indiqué pendant la varicelle en raison du risque de syndrome de Reye.
- La prise en charge des lésions de varicelle repose sur leur désinfection, l’application de sprays asséchants et cicatrisants et sur le soulagement des démangeaisons.
Testez-vous
1. Quelle est la durée d’incubation de la varicelle ?
a) 48 heures ;
b) 7 à 10 jours ;
c) 10 à 21 jours.
2. Quelles zones du corps peuvent être touchées par la varicelle ?
a) Le cuir chevelu ;
b) Les muqueuses génitales ;
c) La paume des mains.
3. Pour qui la vaccination contre la varicelle est-elle recommandée en France ?
a) Les adultes immunodéprimés non immunisés ;
b) Les femmes enceintes non immunisées ;
c) Les femmes en âge de procréer non immunisées.
4. Quels conseils donner en matière d’hygiène ?
a) Privilégier les douches ;
b) Privilégier les bains ;
c) Couper les ongles court et bien laver les mains.
5. Quels traitements sont prescrits dans les formes banales de varicelle ?
a) Un antiviral ;
b) Un anti-histaminique ;
c) Un antiseptique.
Réponses : 1. c) ; 2. a) et b) ; 3. a) et c) ; 4. a) et c) ; 5. b) et c).
Une idée de l’assurance-maladie
Médicaments, pansements : quelle est cette expérimentation contre le gaspillage ?
A la Une
Révision de la grille des salaires : ce qui va changer
Cas de comptoir
« Tant qu’il y aura... » Giphar !
Expansion
Pharmabest s’implante en Espagne