Extension de la prise en charge des premiers soins au comptoir, soutien financier aux 1 000 officines en territoire fragile… Les pharmaciens sont associés au plan d’action et de solidarité territoriale annoncé par le Premier ministre François Bayrou, le 24 avril, pour lutter contre les déserts médicaux. La FSPF et l’USPO se félicitent des réponses du gouvernement.
Depuis le Cantal, François Bayrou a tenté de déminer la perspective de la fin de la liberté d’installation des médecins, mesure adoptée par l’Assemblée nationale début avril, contre l’avis du gouvernement. Le Premier ministre préfère jouer sur la corde de la « solidarité de la communauté médicale » pour lutter contre les déserts médicaux. Il préconise ainsi d'imposer dans les zones prioritaires, des 2025, jusqu'à deux jours par mois de temps de consultation aux médecins « des territoires bien pourvus ». « Il y aura des contreparties financières », a précisé une source gouvernementale à l’AFP, « a contrario, les médecins qui refuseraient se verront pénalisés ».
Dès 2025, les pharmacies seront également concernés par ce plan Bayrou.
Compétences des pharmaciens élargies aux premiers soins
Premier volet : les compétences des pharmaciens seront étendues à la prise en charge de premiers soins et à la délivrance de traitements pour des affections courantes. « Un patient souffrant de rhinite allergique saisonnière pourra se rendre en pharmacie pour recevoir son traitement avec une ordonnance échue », précise le plan. « De même une personne ayant une infection à la suite d’une piqûre d’insectes pourra recevoir un traitement. »
Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), se félicite de cette décision : « La prise en charge de pathologies bénignes fait partie des mesures travaillées avec l’ancien ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, et nous l’attendions depuis. » Elle est déjà mise en œuvre dans 200 officines dans le cadre du dispositif article 51 OSyS (Orientation dans le Système de Soins) portée par l’association Pharma Système Qualité (PHSQ). Philippe Besset a immédiatement contacté Thomas Fatôme, directeur général de la CNAM, « pour entrer en négociation et fixer les modalités et les tarifs de ces prestations ».
Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), salue également cette évolution des missions : « Nous remercions nos confrères auteurs et acteurs de l'expérimentation article 51 OSyS, puisqu'ils ont permis d’effectuer un travail exemplaire en Bretagne, ensuite étendu à trois autres régions. Le pharmacien d’officine pourra désormais répondre aux besoins des patients dans leurs maux du quotidien : rhinite, piqûres, allergies… »
Création dérogatoire après fermeture dans un village
Deuxième volet : le gouvernement entend « faciliter la création à titre dérogatoire d’une officine dans une petite commune (de moins de 2 500 habitants) où la dernière pharmacie a récemment fermé ». François Bayrou est favorable à ce que lorsqu’une pharmacie a fermé depuis moins de deux ans, il soit possible d’en rouvrir une avec une nouvelle licence. « Nous allons travailler avec les services pour nous assurer que cela ne nuise pas à une autre pharmacie dans le village voisin », précise Philippe Besset.
Soutien financier aux 1 000 pharmacies en territoire fragile
Le troisième volet concerne le soutien financier à 1 000 pharmacies en territoire fragile. Le plan d’action gouvernemental prévoit de « permettre le déploiement de la mesure de soutien financier aux pharmacies dans les zones fragiles prévues par la convention entre l’assurance-maladie et les pharmaciens libéraux ». L’avenant 1 à la convention pharmaceutique, signé en juin 2024, prévoit une aide de 20 000 euros de l’assurance-maladie à 1 000 pharmacies pressenties par les représentants de la profession. Cependant, seules 260 officines répondent actuellement aux critères d’éligibilité établis par les ARS. « Le Premier ministre a annoncé qu’il va modifier la loi pour que 1 000 pharmacies soient éligibles et cela, avant fin 2025 », précise Philippe Besset.
Enfin, quatrième volet, le retour d’une passerelle entre la pharmacie de ville et hospitalière, c’est-à-dire « autoriser les remplacements temporaires, voire l’exercice, par des pharmaciens non titulaires du diplôme d’études spécialisées (DES), après une courte formation en pharmacie hospitalière, pour maintenir l’activité de certaines pharmacies à usage intérieur (PUI) en SDIS ».
« Globalement, nous sommes satisfaits du dispositif d’extension des missions des pharmacies et de prise en compte de l’accès aux médicaments dans les territoires fragiles, se félicite le président de la FSPF. Quant aux autres mesures, elles vont dans le bon sens. »
Ces annonces du Premier ministre interviennent alors que des médecins libéraux, étudiants en médecine, internes et jeunes médecins, ont annoncé des manifestations anti-régulation le 29 avril dans toute la France.
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