Suisse

L'officine, porte d’entrée de la maison médicale

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Publié le 02/03/2017
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À la maison médicale « Medi-porta-Arzt und Apotheke Gleis D » de Chur (Suisse), le pharmacien joue le rôle de portier au sein d'un concept interprofessionnel. En fonction des besoins du patient, il en assurera lui-même la prise en charge ou, le cas échéant, recommandera la consultation de l’un des médecins du centre.
Medi Porta Suisse

Medi Porta Suisse
Crédit photo : DR

À Chur (Suisse), depuis le 1er février, plus aucun patient ne reste à quai. « Medi-porta-Arzt und Apoteke Gleis D », la maison médicale située en face de la gare de cette ville des Grisons, est le point de chute des voyageurs malades, des patients sans médecin référent, ceux dont le praticien est absent ou encore qui ne peuvent obtenir de rendez-vous rapidement.

Ces patients ont la garantie d'être pris en charge immédiatement. À une condition toutefois, celle de passer par la case « pharmacien ». Au rez-de-chaussée de ce centre médical dans lequel plusieurs spécialistes et généralistes consultent tous les jours, le pharmacien fait office de gate keeper. Cette fonction de « triage » l’autorise à délivrer un médicament* ou, au besoin, à orienter le patient à l’étage, vers l’un des cabinets médicaux.

Interprofessionnalité contre désertification

Dans le premier cas, le pharmacien percevra un honoraire prévu par le dispositif netCare. Dans le second, l’entretien sera gratuit. Afin de gagner de la place, et surtout d’accorder toute sa disponibilité au patient, le pharmacien ne dispose pas d’étagères mais de la technologie Vmotions lui permettant d’une simple pression sur un écran tactile au mur de sélectionner le médicament qui sera ensuite acheminé par robot jusqu’au comptoir.

« Pour des raisons d'organisation de l'espace, nous ne pouvons pas nous permettre, comme dans les autres officines, d’offrir une large gamme de produits de parapharmacie et de parfumerie. Nous ne disposons ainsi que d’une ligne de dermocosmétique », expose Stefanie Berger, pharmacienne et directrice générale de Medi Porta AG.

Elle rappelle qu'il n’est pas question de se substituer au médecin traitant pour une période de longue durée. Si toutefois le patient en a un. Car le canton des Grisons, lui aussi confronté au vieillissement de sa population médicale, est menacé par la désertification. Il s’agit donc de remplacer le médecin pour des consultations qui ne doivent pas être obligatoirement effectuées par un praticien, telle que l’éducation thérapeutique du diabétique, le conseil en sevrage tabagique… De même, Stefanie Berger précise que face à des patients indécis, ou encore en cas pathologies bénignes, le pharmacien a les compétences pour trancher et contribuer ainsi « à soulager les services d’urgence ».

* En Suisse, la prescription de médicaments est réservée exclusivement aux médecins.

Marie Bonte

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3330