Vaccination antigrippale

Une campagne, des enjeux et des obstacles

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Publié le 20/10/2022
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Une nouvelle campagne de vaccination antigrippale s'est ouverte le 18 octobre. Si l'on se base sur la situation épidémique dans l'hémisphère sud, la grippe saisonnière pourrait être plus virulente cet hiver en Europe après deux ans de très grande discrétion. Malgré ce risque, les patients seront-ils au rendez-vous ?

Selon l'enquête CoviPrev, publiée par Santé publique France le 6 octobre, « la proportion de personnes de 65 ans et plus ayant l’intention de se faire vacciner contre la grippe cet hiver est moins élevée que l’année passée (61 % vs 69 %) ». Dans le même temps, la campagne de vaccination contre le Covid démarrée cet automne a connu un départ très poussif, avec seulement 100 000 injections enregistrées lors de la première semaine (entre le 2 et 9 octobre). Toujours selon l'enquête CoviPrev, la vaccination concomitante grippe/Covid, quant à elle, ne serait acceptée que par 49 % des répondants à risque de formes graves de grippe.

Des indications qui font redouter un moindre intérêt des patients pour la vaccination antigrippale cet hiver, ce qui s'explique sans doute par la quasi-disparition du virus de la grippe ces deux dernières années (absence en 2020-21 et épidémie modérée avec un pic tardif l'hiver dernier) et, peut-être, par une forme de lassitude après la succession de campagnes de vaccination contre le Covid. « Il est possible que l'on ait moins de candidats pour se faire vacciner contre la grippe cet hiver, admet Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Ce qui sera important c'est de ne pas rater le début de la campagne. » Ces dernières années, c'est en effet lors des premiers jours de la campagne que la part la plus importante des vaccinations a été effectuée.

Une épidémie de grippe sévère cet hiver ?

Il est évidemment impossible de prédire avec exactitude l'ampleur de l'épidémie de grippe dès aujourd'hui. Les autorités sanitaires britanniques ont en tout cas alerté sur la possibilité d'une épidémie jumelle grippe/Covid dans les prochaines semaines, « un risque réel » selon elles. Un constat notamment fondé sur les données provenant de l'hémisphère sud. En Australie, l'épidémie de grippe a été bien plus sévère cette année. Près de 225 000 cas ont été répertoriés en 2022 (pour 305 décès) contre 598 cas en 2021 et aucun décès associé. À la Réunion, les autorités sanitaires ont par ailleurs décidé de prolonger la campagne jusqu'au 31 octobre face à la recrudescence de la circulation de la grippe saisonnière sur l'île.

Du côté des officines, un autre point inquiète et pourrait nuire au bon déroulement de la campagne. Des « délestages tournants », pourraient intervenir sur le réseau électrique et les pharmacies pourraient bien être concernées. « Pour l'instant, je n'ai pas de confirmation que les officines seront épargnées, explique Pierre-Olivier Variot. Si nous devons subir des coupures de courant au milieu de la journée, on ne pourra plus faire de tiers payant. S'il y a des coupures et que nos frigos ne fonctionnent plus pendant 2 heures, le vaccin sera-t-il toujours utilisable ensuite ? Les laboratoires ne sont pas en mesure de me le confirmer car aucune étude n'a été réalisée sur ce point », alerte le président de l'USPO.

Pascal Marie

Source : Le Quotidien du Pharmacien