Débats d’experts

La confidentialité dans les plans de l’officine de demain ?

Publié le 27/02/2012
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Trois pharmaciens titulaires et un représentant d’association de patients ont accepté d’échanger sur ce thème de la confidentialité acteur de l’évolution du métier.
LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Comment la notion de confidentialité peut-elle contribuer à façonner le visage de la pharmacie de demain ?

LUC SEIGNEUR.- je pense qu’il faut poser la question différemment. C’est parce que le paysage officinal se modifie qu’on tend à une plus grande confidentialité. La médicalisation des officines va se traduire par un approfondissement de notre relation avec le patient. Et concrètement, cela induit la mise en place de vrais espaces de confidentialité pour permettre des entretiens thérapeutiques.

BERNARD PENICAUD.- la confidentialité à l’officine existe depuis longtemps, c’est notre cœur de métier. Les évolutions législatives poussent simplement à optimiser cette relation patient pharmacien et donc appellent à plus de confidentialité. Mais n’oublions pas de rester accessibles, disponibles, sans rendez-vous. Nous sommes des professionnels de proximité et c’est un véritable atout.

JEAN-LUC ABGRALL.- cela implique surtout que nous devrons nous former de plus en plus.

C’est-à-dire aller vers une spécialisation des pharmaciens ?

JLA.- non, on ne peut pas avoir une pharmacie spécialisée en cancérologie, une autre en diabétologie, etc. ; ça semble aberrant…

BP.- difficile en effet d’imaginer la spécialisation des officines. C’est même aller à l’encontre de la confidentialité. En revanche, il faut qu’on apprenne à travailler ensemble et en réseau, avec les autres professionnels de santé. Il faut optimiser le partage d’information pour accompagner le patient.

LS.- c’est une des forces des pharmaciens de ne pas être spécialisé, d’être pluridisciplinaire, et il faut préserver cela. Mais il faut aussi continuer à nous former sur les traitements qui sont de plus en plus techniques. Plus on augmente notre niveau de connaissance, plus il sera difficile aux acteurs extérieurs de s’immiscer dans notre métier.

MICHELINE DESPLEBIN.- quand on parle de confidentialité, on parle d’une relation interpersonnelle entre l’usager et le pharmacien. Si le pharmacien est à l’écoute, explique le traitement, cette attitude va encourager l’usager à se confier. Mais je m’interroge : le pharmacien va-t-il prendre le temps de revoir le malade, de revérifier certains points avec lui, etc. C’est un autre métier il me semble…

JLA.- c’est un rôle d’éducateur thérapeutique, et cette éducation thérapeutique ne peut se faire sans confidentialité. C’est une des missions qui nous est confiée par la Loi HPST. C’est chronophage en effet et il est nécessaire de rémunérer cette compétence.

Remerciements : Micheline Desplebins, présidente de la Ligue contre le cancer (Deux-Sèvres) ; Luc Seigneur, pharmacien titulaire et directeur du réseau HPI ; Jean-Luc Abgrall, pharmacien titulaire et président de l’UTIP 79 ; Bernard Penicaud, pharmacien titulaire et conseiller ordinal.
› PROPOS RECUEILLIS PAR D.P.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2901