Des vaccins à ARNm bientôt à l’officine ?

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Publié le 26/03/2021
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Malgré l’autorisation pour le pharmacien de prescrire et administrer tous les vaccins contre le Covid-19 actuellement disponibles en France, la vaccination reste limitée, dans les faits, à l’utilisation du seul AstraZeneca. Mais cela pourrait changer à certaines conditions, comme l’explique Philippe Besset, président de la FSPF.

Deux obstacles à l’utilisation des vaccins à ARN messager à l’officine pourraient être levés. Le premier est logistique. L’obligation de stockage à -80 °C du vaccin de Pfizer-BioNTech, Comirnaty, dans des supercongélateurs avant décongélation pour une utilisation dans les 5 jours ne facilitait pas les choses. Mais après l’autorité américaine du médicament (FDA) le 25 février, l’Agence européenne du médicament (EMA) vient de donner son feu vert à un allègement des contraintes de stockage sur la base de nouvelles données fournies par les laboratoires.

Livraisons étoffées

En conséquence, Comirnaty peut désormais être conservé entre -15 °C et -25 °C, soit la température d’un congélateur standard, pendant deux semaines avant décongélation et utilisation. Il se rapproche ainsi des conditions de conservation de son concurrent, le vaccin de Moderna (-20 °C sur le long terme et entre +2 °C et +8 °C pendant 30 jours). Or les livraisons de vaccins vont s’étoffer à partir d’avril. À fin mars, la France devrait avoir reçu 9 millions de doses de Comirnaty depuis la fin décembre, et les prévisions tablent sur l’arrivée de 10,3 millions de doses par mois au 2e trimestre. « La température à -20 °C est celle d’un congélateur classique, les grossistes-répartiteurs sont équipés et ont le savoir-faire, on pourrait donc imaginer l’arrivée des vaccins à ARNm à l’officine dans les mois à venir », note Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

À condition de lever un 2e obstacle. La Haute Autorité de santé (HAS) a en effet précisé, dans ses avis sur les vaccins à ARNm, que la présence d’un médecin était nécessaire après injection en raison de leur nouveauté technologique et de rares mais possibles chocs anaphylactiques. « C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons administrer ces produits qu’en centre de vaccination pour l’instant », explique Philippe Besset. Mais, rappelle-t-il, cette position est appelée à évoluer à mesure que les autorités ont davantage de connaissances sur les vaccins. Interrogées vendredi dernier sur ce point, la présidente de la HAS, Dominique Le Guludec, tout comme Elisabeth Bouvet, présidente de la Commission technique des vaccins (CTV), indiquent en effet que l’obligation de surveillance médicale pourrait être levée, le pharmacien étant « un professionnel de santé bien formé à la vaccination, capable de gérer un choc anaphylactique ».

M. M.

Source : Le Quotidien du Pharmacien