- Ah, ces maudites feuilles. Plus je les ramasse, plus il y en a ! s’énerve Marilyne en s’approchant de la porte automatique avec un sac-poubelle.
- La place du Marché en est remplie, lui répond Gisèle. Et le vent les renvoie vers la pharmacie…
- Je ne vais tout de même pas nettoyer la place, c’est à la commune de le faire.
- Remarque, avec ce beau soleil, la place semble toute dorée. C’est joli.
Marilyne regarde sa collègue à l’accueil, l’air désespéré.
- Joli mais pénible, répond l’agent d’entretien en s’éloignant avec son équipement.
En retournant vers le back-office, elle croise Julien :
- Quand est-ce que tu me vaccines ?
- Maintenant si tu veux. Le coup de feu semble passé. Grippe, Covid, les deux ?
- Pour l’instant, la grippe seulement. Je n’ai pas envie d’être malade comme mon mari l’année dernière. Il en a bavé, mais c’est bien fait pour lui. Il ne veut pas se faire vacciner.
- Quel bras ?
- Gauche s’il te plaît.
Les deux collègues sont interrompus par un éternuement très sonore provenant du bureau qui jouxte la salle Pasteur.
Le pharmacien passe la tête par la porte et s’adresse à son associé :
- Ça va J-C ?
- Je crois que je vais rentrer chez moi. Je ne suis pas bon à grand-chose ce matin…
Julien termine l’injection du vaccin contre la grippe et libère Marilyne qui, à peine sortie de la salle Pasteur, se remet à râler contre les feuilles d’automne qui continuent d’envahir l’accueil de la pharmacie.
Lorsqu’il rejoint J-C dans le bureau, ce dernier est assis dans son fauteuil, le visage crispé par la douleur.
- Je n’ai jamais eu autant mal à la gorge. C’est horrible. Et ce mal de tête…
- Tu ne voudrais pas te tester ?
- Un Trod Angine ?
- Non, d’abord un test Covid.
- Non, mais je ne crois pas que c’est un Covid.
- On teste, et si c’est négatif, je te fais le Trod angine.
Le pharmacien finit par accepter et se laisser chatouiller les narines par son confrère.
Quelques secondes après avoir déposé la goutte, la barre T apparaît.
- Il ne manquait plus que ça… Nous partons la semaine prochaine à Rome !
- Tu as raison, tu n’as plus qu’à rentrer chez toi et te coucher, lui répond Julien en se passant les mains au gel hydroalcoolique. Je vais donner la consigne à toute l’équipe de porter un masque.
- Pourquoi, dit Karine en entrant. Elle est accompagnée d’un jeune homme en cravate.
- Parce que j’ai le Covid, dit J-C, maussade.
- Mince ! Et ton voyage à Rome ?
- J’ai quatre jours pour me requinquer. Allez, ciao la compagnie. Mais au fait, tu n’es pas à Paris toi ?
- Si, enfin non. Nous partons tout à l’heure avec Jordan. Vous connaissez Jordan, mon attaché parlementaire ? Ça tombe bien que vous soyez là parce que j’ai à vous parler : j’ai été choisie pour être rapporteure du PLFSS 2026.
- Bravo, s’exclame Julien. Ce qui veut dire qu’on peut compter sur toi pour avoir une Loi favorable aux pharmaciens…
- Ça veut surtout dire qu’il va falloir faire sans moi à la pharmacie pendant les prochains mois. Comme nous l’avions prévu, je vais mettre entre parenthèses mon activité officinale pour me consacrer totalement à la vie politique. Je n’ai pas le choix.
- Si ça se trouve dans deux semaines, tu seras ministre de la santé dans le énième nouveau gouvernement, plaisante J-C.
(À suivre…)
L’événement de la semaine
Refonte du modèle économique officinal : qui paiera l’addition ?
PLFSS 2026
Industriels, pharmacies, patients… des tours de vis tout au long de la chaîne du médicament
Prévention
InnovHer, 48 heures pour la santé des femmes
Vaccination à l’officine
Vaccins grippe/Covid-19 : combattre les idées reçues et lever les doutes