Décret sur la dispensation à l'unité : objectif raté selon l'Académie de pharmacie

L'Académie de pharmacie regrette que le décret relatif à la délivrance à l’unité (DAU) de certains médicaments en officine, publié le 31 janvier 2022, ne tienne pas compte de ses recommandations émises en avril 2021.

C'est l'organisation et la sécurité même de la délivrance des médicaments qui pâtiront, selon l'Académie de pharmacie, de la stricte application du décret de janvier 2022 relatif à la DAU de certains médicaments en officine. Selon elle, « le processus décrit dans le décret complique l’organisation du travail à l’officine sans sécuriser l’acte pharmaceutique ni permettre de lutter contre le gaspillage ». Une critique d'ailleurs déjà émise par les représentants des officinaux.

Dans la continuité de l’article 40 de la loi du 10 février 2021 destinée à éviter le gaspillage des médicaments, lorsque leur forme pharmaceutique le permet, le texte paru fin janvier n'aurait pas tenu compte du rapport émis en avril 2021 par l'Académie. Déjà, souligne-t-elle, « il convient d’abord de remplacer " délivrance ", par " dispensation ", car l’acte pharmaceutique est assorti de conseils pharmaceutiques ». Au-delà, les académiciens estiment que la multiplication des étapes « pour satisfaire aux nouvelles exigences de préparation contrevient aux bonnes pratiques de dispensation des médicaments et pourrait augmenter les risques d’erreurs pour les patients » . De même, « l’ouverture du conditionnement va à l’encontre de l’obligation de sérialisation et ne garantit pas la stabilité de la forme galénique après le déconditionnement ». Enfin, regrette l'Académie, « aucune évaluation de la DAU à l’officine n’est prévue pour en tirer un retour d’expérience indispensable ».

Pour conclure, l'institution maintient que, « si la DAU doit être envisagée pour certains médicaments, elle ne peut venir qu’en complément d’autres mesures et après avoir pris en compte ses limites, dans le cadre de la participation des pharmaciens au combat pour le bon usage et contre le gaspillage des médicaments, à la préservation de l’environnement, à la lutte contre l’antibiorésistance ».