Au lendemain d’un communiqué signé par 12 associations de patients s’opposant à la substitution biosimilaire par le pharmacien, et en particulier dans les maladies chroniques, l’économiste de la santé Frédéric Bizard s’est étonné de communications ressemblant à s’y méprendre « à des communiqués de laboratoires de princeps ».
Frédéric Bizard ne mâche pas ses mots. À l’issue d’une intervention lors d’une conférence de presse du spécialiste des biosimilaires Samsung Bioepis qui se tenait ce 15 novembre, l’économiste de la santé – qui a précisé n’avoir aucun lien d’intérêt avec ce laboratoire – a regretté « un certain scepticisme au sein des pouvoirs publics et des associations de patients sur la fiabilité des biosimilaires ». C’est à ses yeux la seule explication possible à l’opposition à la substitution biosimilaire exprimée hier encore dans un communiqué signé par 12 associations de malades chroniques*.
Rappelant les nombreuses études scientifiques qui ont au contraire prouvé la sécurité et l’efficacité de ces médicaments, validées par les autorités sanitaires dont le sérieux ne fait pas de doute, il estime que « sur le plan scientifique, les associations de patients se trompent : il y a une parfaite fiabilité de ces médicaments ». Dans ce cadre, il préconise un travail de communication à destination non seulement des patients, mais aussi des professionnels de santé. En outre, il s’étonne de la teneur de « certains communiqués d’associations de patients très proches de communiqués de laboratoires de princeps » et appelle les médias à vérifier « comment les associations de patients qui communiquent sont financées ».
Le communiqué des associations de patients, diffusé hier mais daté du 29 septembre dernier, n’y va pas non plus par quatre chemins pour « alerter sur les dangers » de la substitution biosimilaire par le pharmacien. Une position parfaitement partagée avec le think tank biosimilaires créé par l'agence Nile et réunissant des industriels et des associations de patients (dont 6 signataires du communiqué diffusé le 14 novembre sont membres). À leurs yeux, celle-ci « ne pourra se faire qu’aux dépens de la sécurité, du contrôle de la maladie et du bien-être du patient » et elle est « contraire au respect du choix par le patient du médicament prescrit par les médecins dans le cadre de la décision médicale partagée ».
Pire, les associations jugent que « la traçabilité et la stabilité du traitement est un impératif que la substitution en officine ne permet pas de garantir notamment en raison de changements liés aux fournisseurs », ce qui pourrait rendre impossible « l’imputabilité d’éventuels effets indésirables ». Par ailleurs, le dispositif médical d’auto-injection pouvant être différent d’un biosimilaire à l’autre, la substitution rendrait « caduque la formation donnée sur le biosimilaire prescrit lors de la consultation ». Les signataires du communiqué vont plus loin en affirmant que « la substitution est susceptible de rompre la confiance entre le patient et ses professionnels de santé, accroissant l’effet nocebo ».
Alors qu’un amendement sénatorial qui doit être examiné cette semaine dans l’hémicycle propose « une substitution biosimilaire pleine et entière », les associations signataires souhaitent continuer avec la limitation à une liste de molécules validées par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Liste qui n’en compte actuellement que deux : filgrastim et pegfilgrastim. Elles demandent à être associées à tous les travaux sur le sujet car il leur semble inacceptable « que la constitution de ces listes se fasse sur des coins de table entre partenaires conventionnels ». Une requête qui rejoint celle régulièrement exprimée par France Assos Santé**, favorable à la substitution biosimilaire mais appelant à participer à tous les travaux pour qu’ils s’inscrivent « dans un climat de confiance ».
*AFL+, Association France spondyloarthrite (AFS), AFA Crohn RCH France, Association nationale de défense contre la polyarthrite rhumatoïde (ANDAR), Ellye, Fédération française des diabétiques (FFD), France Psoriasis, Associaton Kourir, Association Sep’Avenir, Spondyloaction, Lupus France, Action contre les spondylarthropathies (ACS).
** Nom choisi par l’Union nationale des associations agréées d’usagers du système de santé qui regroupe près d’une centaine d'associations nationales militant pour les droits des patients et des usagers.
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