La pharmacie de Cremeaux, dans la Loire, existait depuis longtemps quand le titulaire a rendu sa licence en 2021. Depuis, la région Auvergne Rhône-Alpes fait partie des six régions* où une officine peut se doter d’une antenne dans une commune qui a perdu la sienne. Ainsi, quand j’ai acheté à Saint-Just-en-Chevalet en 2022, le maire de Cremeaux puis l’ARS m’ont sollicitée à ce sujet car mon officine était la plus proche de ce bourg. Aujourd’hui, je considère cette future antenne comme un service à la population d’un village situé entre ma pharmacie à 12 km et une autre à 14 km.
Nous sommes en pleine préparation pour une ouverture prévue en septembre 2025. D’ici là, tout est nouveau et c’est assez complexe à organiser. Le cahier des charges demande une ouverture de l’antenne au minimum pendant deux demi-journées par semaine. Après discussion avec mon équipe, nous comptons partir sur trois demi-journées, un jour sur deux, pour une sorte de continuité. Quoi qu’il en soit, il faut prévoir un stock sur place.
Par ailleurs, l’ARS nous demande d’identifier le chiffre d’affaires qui sera réalisé dans l’antenne, en le différenciant de celui de la pharmacie-mère. À l’époque où l’ARS m’a contactée pour la première fois, un médecin exerçait dans le village. Mais il est parti entre-temps. Une recherche est en cours. Donc, la situation peut à tout moment évoluer. En tout état de cause, je dois utiliser le même logiciel qu’à la pharmacie mère car c’est le même stock.
Je cherche également un local, à propos duquel l’ARS et l’Ordre des pharmaciens devront se prononcer. De son côté, la mairie est partante pour me prêter des lieux le temps de l’expérimentation pendant trois ans. En fait, j’ai sollicité cette mise à disposition car j’ai déjà beaucoup d’investissements à prévoir. C’est obligatoire, je dois impérativement dédier un pharmacien à cette antenne. Or, pour cela, je dois embaucher car j’ai seulement le nombre de pharmaciens suffisant à l’exercice de l’officine-mère. Je pense recruter l’étudiante en pharmacie qui travaille actuellement dans mon officine et qui sera diplômée en juin. Au début, il faudra peut-être l’accompagner mais je ne sais pas si nous serons autorisées à alterner. La nouvelle embauche pourrait se faire à temps plein à la fois pour l’antenne, logiquement les lundis, mardi et vendredi matin, et, le reste du temps, pour la structure-mère. Et si un médecin vient à s’installer, alors on avisera.
Quant à l’organisation avec le grossiste, elle va dépendre du local. Le lieu proposé par la mairie, au sein de la maison de santé, ne permet pas en l’état un dépôt sécurisé de médicaments. Dans ce cas, soit il est possible de sécuriser l’endroit, soit la livraison pourrait s’effectuer à la structure-mère. Et alors, ce serait à nous de nous occuper du transfert jusqu’à l’antenne. On peut aussi penser au local de l’ancienne pharmacie mais il s’agit d’un lieu privé, ce qui doit être compliqué pour la mairie. Ensuite, je devrai penser à l’aménagement. Il faudra un comptoir et au moins un espace dédié avec un point d’eau pour les vaccinations et les premiers soins.
Finalement, il est très difficile d’anticiper, sauf pour estimer les charges financières. Certes un soutien financier est prévu, mais j’ai l’impression qu’on est loin du compte. Un point sera fait à 18 mois, à mi-parcours de l’expérimentation. Mais quelle qu’en soit l’issue, je ne dois pas mettre en danger ma structure-mère. Et ce, sachant que les médecins de mon village viennent de nous annoncer, en juin dernier, leur départ prochain… »
Pendant trois ans, l’ Auvergne- Rhône-Alpes, la Bretagne, le Centre Val de Loire, la Provence-Alpes-Cote d’Azur, l’Occitanie et la Corse vont pouvoir expérimenter ce nouveau dispositif remis au goût du jour par la Loi Valletoux du 27 décembre 2023.
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