- Marion, je viens de prendre la tension de monsieur Dakan ; elle est dans les chaussettes, dit Christèle.
- Montre-moi ? Ah oui, 9 – 6, en effet…
La pharmacienne réfléchit en enroulant une mèche de cheveux autour de ses doigts.
- Il attend, ajoute la préparatrice. Il m’a dit avoir eu un étourdissement ce matin. Il est quand même passé faire son marché. Il était tout fier de me dire qu’il s’est acheté des fruits, pour se donner de l’énergie. Oranges, pamplemousse, pommes…
- De mémoire, il est sous antihypertenseur ?
- Oui, lercanidipine. J’ai bien vérifié avec lui qu’il prenait la bonne dose.
- Il est peut-être trop dosé. Il faudrait qu’il revoie le médecin rapidement, conclut la pharmacienne en se dirigeant vers la salle Pasteur.
Dans l’espace d’accueil, Alice reçoit un homme d’une quarantaine d’années. Il demande du paracétamol.
- Vous avez pris votre température Monsieur ?
- Pas la peine. Il me faudrait vraiment un truc efficace. J’ai beaucoup de déplacements dans les prochains jours…
La conversation est interrompue par un appel téléphonique auquel l’homme répond sans se soucier d’Alice.
- Allô, oui, dis-moi, je note.
L’homme sort un calepin et un crayon de son sac et commence à écrire. Agacée par cette attitude, Alice se retourne pour attraper une boîte de paracétamol 1 g dans le rayon OTC et un autotest Covid. Après avoir raccroché, l’homme détend ses doigts et grimace.
- Je suis sûr que ce n’est pas le Covid, dit-il en tournant la boîte d’autotest dans tous les sens avant de la reposer et de la pousser vers Alice.
Après avoir payé son médicament, il répond vaguement à l’étudiante qui lui conseille vivement d’aller voir le médecin. « Il se fichait totalement de ce que je lui disais », songe Alice en le regardant s’éloigner, surprise de voir cet homme jeune marcher comme un vieillard. Une mère et sa fille adolescente la tirent de sa rêverie. La femme dépose sur le comptoir un carnet de santé et lui dit :
- Je ne sais plus où nous en sommes des vaccinations de ma fille. Vous pouvez m’aider s’il vous plaît ?
- Avec plaisir. Quel âge avez-vous ?, demande l’étudiante, ravie de pouvoir enfin montrer de quoi elle est capable.
Après avoir regardé l’historique vaccinal, elle propose de réaliser un rattrapage contre les méningocoques ACWY.
- Vous m’excusez un instant, je dois demander à ma collègue pharmacienne de prescrire le vaccin.
Alice revient au bout d’une minute, accompagnée de Marion.
- Il me faudra la carte Vitale s’il vous plaît…
La femme pose alors son cabas sur le comptoir et se met à chercher son portefeuille. Alors qu’Alice s’apprête à ouvrir le dossier de la patiente, elle reçoit une alerte DGS sur le chikungunya en métropole.
- Ah oui, je l’ai reçue aussi. Il va falloir être vigilant si des patients se plaignent de fortes douleurs dans les articulations, lui dit Marion en stoppant net un pamplemousse qui, sorti du sac de course, roule vers l’écran.
Soudain, la pharmacienne et l’étudiante ont une révélation et disent en même temps :
- Pourquoi je n’y ai pas pensé ?
- C’était peut-être un chikungunya, s’exclame Alice en repensant à son précédent patient.
- Le pamplemousse augmente l’exposition à la lercanidipine. Merci Madame d’en avoir acheté, dit Marion à la patiente qui ne comprend rien à la situation.
(À suivre…)
A la Une
Suspension de l’arrêté sur les remises génériques : les laboratoires vont-ils jouer le jeu ?
Alerte de l’ANSES
Cueillette de champignons : les intoxications en hausse
Interprofessionnalité
L’élargissement des missions du pharmacien irrite (à nouveau) les médecins
Politique de santé
Contraception et IVG : la prévention face à la désinformation