L’appli carte Vitale peut désormais être téléchargée et utilisée par les assurés disposant d’une identité numérique, partout en France. Avantages, limites, améliorations à venir, coût pour le pharmacien : voici un retour de terrain.
Depuis le 18 mars, les assurés de l’assurance-maladie, de la MSA et de la MGEN de France entière peuvent télécharger gratuitement l’application carte Vitale sur leur smartphone. Mais pour pouvoir l’utiliser, il faudra que l’assuré ait activé l’appli France Identité. Seuls les assurés détenteurs de la carte d’identité au format carte bancaire (CNIe), émise depuis mars 2021, peuvent le faire. Pour les autres assurés, le déploiement sur le territoire sera progressif, région par région, jusqu’à fin 2025. Quant aux 700 000 assurés des départements testeurs qui l’ont déjà activée, ils peuvent continuer à utiliser l’application. La carte Vitale physique, elle, ne disparaît pas.
Sur le terrain, le dispositif fonctionne plutôt bien. « On constate des petits bugs de temps en temps, mais moins que sur l’ordonnance numérique », tacle Valérian Ponsinet, président de la commission Convention et système d'information à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui reproche à l’assurance-maladie d’avoir lancé l’application sans avoir concerté les pharmaciens.
Droits à jour en temps réel, vraiment ?
« Tout en assurant les mêmes fonctions que la carte Vitale, l’appli carte Vitale offre des avantages supplémentaires pour les professionnels de santé utilisateurs », vante l’assurance-maladie : un numéro de sécurité sociale et une identité nationale qualifiés, un accès aux services et fonctionnalités de la caisse (facturation SESAM-Vitale, téléservices intégrés de l’assurance-maladie obligatoire, DMP et DP), moins d’oubli et de perte de carte Vitale au comptoir, moins de papier.
Surtout, l’application « permet de réaliser des feuilles de soins sécurisées et fiabilisées, avec une connaissance en temps réel des droits de l’assuré (consultation associée des droits en ligne avec le service ADRi) et permet d’éviter les rejets et erreurs de facturation », explique l’assurance-maladie. « À condition que ADRi soit fiable à 100 %, ajoute Valérian Ponsinet. Le service ADRi est parfois erroné, par exemple pour les personnes en attente de droits, la CSS, les réfugiés… Les caisses vont-elles payer, ou se défausser ? J’attends de voir. »
L’accès aux informations des caisses complémentaires pour la facturation de la part mutuelle est attendu pour 2026. « Mais les informations contenues dans le Data Matrix émis dans l’appli ne sont pas utiles pour les effecteurs de tiers payant qui sont les pharmaciens et les biologistes. En pratique, il nous faut le numéro préfectoral pour la télétransmission, et on ne l’a pas dans le Data Matrix actuel. Ici aussi, on aimerait bien être consultés par les organismes complémentaires », déplore Valérian Ponsinet.
Pour autant, d’autres améliorations sont à venir, notamment la possibilité de délégation des droits d’un patient à son aidant via l’appli.
Lutter contre la fraude
Dans un communiqué commun émis lors du lancement, les ministres de la Santé et des Comptes publics voient dans l’appli carte Vitale un moyen de lutter contre les fraudes. Pour le représentant des pharmaciens, « l’appli carte Vitale est juste un nouveau support, qui ne va pas résoudre le problème de la falsification. Le Data Matrix émis par l’appli a une durée de vie limitée, il sera plus difficile de frauder. Mais le fraudeur viendra plutôt avec un support papier. »
Matériel informatique compatible : un surcoût à payer ?
Pour lire les informations contenues dans l’appli carte Vitale, le pharmacien doit avoir un matériel informatique compatible et un lecteur adapté : un lecteur QR code (compatible avec tous les smartphones) ou éventuellement un lecteur compatible NFC, comme lors d’un paiement sans contact (attention, non disponible sur iPhones et certains modèles Android). Pour vérifier le matériel ou le mettre à jour, le pharmacien peut vérifier sur le site sesam-vitale.fr ou plus simplement se rapprocher de son éditeur de LGO.
Avec un coût à payer ? « Mon éditeur de LGO m’a envoyé un Data Matrix à lire pour l’étalonnage de mes lecteurs, que j’ai depuis longtemps », rapporte Valérian Ponsinet, qui a changé son matériel avec la vague 1 du Ségur du numérique et n’a pas eu de supplément à débourser. « Un pharmacien qui ne renouvelle pas son parc informatique et son matériel peut courir un risque », ajoute-t-il.
Cette question du surcoût relève finalement du cas par cas et dépend de la modernité du matériel utilisé à la pharmacie, et du contrat entre le pharmacien et son éditeur.
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