Viande de culture, algues ou encore insectes sont des initiatives présentées comme une réponse à la forte hausse du besoin mondial en protéines pour l'alimentation humaine et animale et à celle de la demande en protéines alternatives aux protéines animales pour des motifs de santé, d'environnement ou de cause animale. Le rapport de l'OPECST dresse le panorama des différents enjeux et examine les voies de recherche disponibles pour une transition alimentaire plus durable. Depuis plusieurs années le secteur des protéines est au cœur de l'innovation et des avancées technologiques. De nouveaux procédés existent pour produire des protéines dites alternatives afin de fabriquer les aliments de demain. La fermentation de précision est une technologie mature qui permet de produire uniquement une protéine cible, comme les caséines principales protéines du lait. Elle assure une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport aux protéines animales produites naturellement. Mais l'adoption de cette technique à l'échelle industrielle suppose de maîtriser les risques sanitaires et d'atteindre des coûts de production compétitifs.
La culture cellulaire est aussi un processus de production envisagé : il s'agit de réaliser, à partir de cellules souches animales, un aliment complet avec les mêmes qualités de texture et de goût que celles des produits naturels. Cette technologie est encore à un stade expérimental porté par des start-up car elle est complexe et coûteuse ; elle se développe pour imiter le foie gras de canard ou la chair de poulet ou de bœuf.
Des insectes et des algues au menu
Les insectes et les algues représentent des sources importantes de micronutriments et de protéines et leur valeur nutritionnelle est élevée. La valorisation d'insectes comestibles constitue une piste intéressante et respectueuse de l'environnement pour le développement des filières de production destinées à l'alimentation animale et humaine. Mais, même si les Français prennent conscience de l’intérêt de consommer cette source de protéines, les freins culturels restent forts et l’entomophagie (consommation d'insectes par l'homme) est encore balbutiante dans l'Hexagone. Actuellement, pour produire à l’échelle industrielle de nouveaux produits à base d’insectes, il faudra surmonter un certain nombre d’obstacles techniques (sélection des insectes, leur élevage en grande masse, leur transformation via des procédés adaptés). Malgré des effets bénéfiques sur la santé, la production des algues doit aussi faire face à des obstacles comme la disponibilité des espaces de culture, et son bilan environnemental doit intégrer les coûts énergétiques nécessaires à leur transformation en produits consommables, en éliminant les risques de contamination en pesticides ou en métaux lourds ainsi que leur potentiel allergisant.
Les conclusions des rapporteurs de l'OPECST sur l'avenir des produits à base de protéines alternatives sont mesurées car le développement de ces nouvelles sources dépend encore en grande partie des avancées technologiques et des risques sanitaires à maîtriser. Leur mise sur le marché s'inscrit sur le long terme car elle est subordonnée au franchissement d'obstacles réglementaires exigeants telle la procédure sur les nouveaux aliments, dite « Novel Food » , centralisée à l'échelle européenne au niveau de l'Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments (EFSA).
L'autre enjeu est de rendre cette transition alimentaire socialement acceptable. Elle doit se faire progressivement en rééquilibrant les apports de protéines animales et végétales. Il faut intégrer la dimension d'acceptabilité culturelle en soulignant que l'impact sanitaire et écologique de l'alimentation peut être fortement réduit sans bouleverser les habitudes.
D’après une conférence de presse de l'OPECST