▶ Différents types de PDA
La préparation des doses à administrer (PDA) peut être pratiquée selon trois modes principaux à l'officine. Lorsqu'un membre de l'équipe - souvent un préparateur (sous le contrôle d'un pharmacien) - remplit un pilulier correspondant au traitement que doit suivre un patient sur une période donnée, on parle de PDA manuelle. Un système semi-automatique, commandé par un logiciel, peut également être utilisé pour préparer les doses et sécuriser le geste : le pilulier est rempli manuellement à l'aide d'un système lumineux qui sécurise le geste en indiquant l'alvéole à remplir. La PDA automatisée (PDAA), pour sa part, permet d'organiser la prise de traitements nominatifs en grande quantité grâce à un système informatisé. Chaque médicament, déconditionné au préalable et tracé par son code Datamatrix, est introduit dans une cassette dédiée à la forme et au dosage de la spécialité. Un robot classique, selon ses dimensions, peut contenir de 80 à 500 cassettes. Il va produire chaque prise de médicament, prescrite par l'ordonnance, le plus souvent sous forme de sachets doses - 1 à 4 unités par sachet - déroulés à la suite pour former un rouleau ou lot qui couvrira 7 jours de traitement pour un patient. Certaines classes thérapeutiques (AVK, stupéfiants, anticancéreux per-os, antibiotiques en traitement aigu, médicaments hormonaux), certaines formes galéniques (comprimés effervescents, orodispersibles, capsules molles, sirops, collyres, sachets, ampoules injectables), certains médicaments sensibles à la lumière, l'humidité, l'air, la température ne peuvent, notamment, pas être gérés par un système de PDAA.
▶ Dans les règles
Si la PDA est inscrite à l'article R4235-48 du CSP qui définit les modalités de la dispensation, un cadre légal précisant sa pratique est toujours attendu. Ce qui ne la soustrait pas aux règles de bonnes pratiques encadrant toute préparation à l'officine (local dédié, point d'eau, mesures d'hygiène, définition des zones selon l'activité…). Par ailleurs, les officines qui souhaitent mettre en œuvre un service de PDA pourront s'inspirer des fiches pratiques de recommandations élaborées sur le sujet par certaines ARS (Provence-Alpes-Côte d'Azur). Il faudra toutefois que l'officine qui souhaite entreprendre le service veille à ne pas enfreindre le code de déontologie qui lui interdit tout démarchage. Si elle veut développer cette activité, elle devra communiquer entre ses murs et laisser aux patients comme aux établissements médico-sociaux le loisir de la solliciter. Dans cette logique, elle devra tracer toute la démarche de mise en relation avec le bénéficiaire et s'assurer qu'il laisse un document écrit pour attester de la demande qu'il lui aura adressée et de son accord quant au service mis en place.
▶ Pour quelle patientèle ?
La PDAA peut concerner tout un éventail de patients, de réseaux et de structures : la clientèle âgée, les patients en MAD via les aidants, les SSIAD (services de soin infirmier à domicile) et bien sûr les établissements médico-sociaux, Ehpad (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) en premier lieu, le pharmacien pouvant y agir en tant que référent. Le relationnel sera primordial pour développer ce qui reste avant tout un service au patient dans le cadre duquel l'officine doit se présenter et agir comme un partenaire. La sécurisation et l'observance des traitements restent l'objectif premier de la PDA qui est dédiée au patient.
▶ Quelle installation ?
Différents dans leurs capacités de production, les automates dédiés à la PDA peuvent répondre à des demandes modestes (80 lits) ou importantes (plusieurs centaines de lits). À petite échelle (80 patients), la production des rouleaux et les opérations de contrôle peuvent s'effectuer en 3 heures (sans compter le temps de facturation), soit trois fois moins de temps que ne l'exigerait une préparation manuelle. Plus grande est la machine, plus nombreuses seront les molécules traitées et plus le temps de manipulation sera réduit. Ainsi peut-on optimiser le rendement de l'automate en fonction de la quantité de doses à préparer. C'est pourquoi l'officine doit bien étudier sa zone de service, connaître les besoins des établissements qui l'entourent et ceux des patients de sa clientèle afin de choisir la capacité de son "outil de production". Toutes les officines peuvent lancer ce service si elles disposent d'un potentiel de demande suffisant. Si c'est le cas, la PDA automatisée agira comme un appel d'air en termes de clientèle mais aussi de chiffre d'affaires (par lit et annuellement, l'activité peut générer un CA de 1 000 euros). En outre, elle peut encourager au développement de rayons associés tels que la nutrition, la gamme blanche, Ehpad et SSIAD pouvant solliciter l'officine pour les fournir. En plus de la maintenance (5 000 euros par an en moyenne), le coût d'un automate peut s'évaluer à plusieurs dizaines de milliers d'euros et varier, en fonction de la taille, dans un rapport de 1 à 3 et selon les fabricants (Robotik Technologies, JVM…). Mais il est possible de louer la machine auprès de structures qui assureront la maintenance et la fourniture des consommables.
▶ Contrôles et procédures
Tout un local, isolé du reste de l'officine et de bonne dimension, doit être consacré à la PDAA afin de pouvoir réaliser les différentes étapes - facturation, production, contrôles, préparation des livraisons - qu'exige l'activité. Celle-ci suppose aussi de prévoir des zones de stockage des produits, des cassettes et des consommables. Des opérations de contrôle, de la validité de l'ordonnance et du contenu de chaque sachet produit (visuellement ou par contrôleur optique), jalonnent toute l'opération. Le sachet doit comporter la date, le nom du patient, celui de la spécialité, le dosage, le moment de la prise, le numéro de lot du produit et la date de péremption. Avant toute manipulation, il convient d'effectuer une maintenance et un entretien du matériel (nettoyage avant toute production) et de sauvegarder tous les jours les opérations de traçage et de production.
(Sujet réalisé en collaboration avec Christian Sauné, pharmacien à Toulouse, consultant spécialisé en PDA).