Une étude édifiante

La communication officinale, facteur d'économie

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Publié le 27/10/2016
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Réalisée à la demande de trois groupements de pharmaciens, une étude internationale tend à démontrer l’intérêt de la communication officinale pour améliorer l’observance, renforcer la prévention et favoriser un suivi efficace des traitements. Un intérêt non négligeable pour la santé publique et les comptes de l’assurance maladie, à l’heure où l’Ordre veut réviser le code de déontologie.

La communication, un enjeu fondamental pour les pharmaciens d’officine ? Selon Lucien Bennatan, il s’agirait même d’« un enjeu vital à l’heure où la place des pharmaciens est censée s’étendre au sein du système de soins. » La raison ? « Le secteur de la pharmacie est sous tension », explique le président de Pharmacie Référence Groupe (PHR).

Avec 50 % des économies budgétaires supportées par le médicament, les officines doivent en effet faire face aux politiques de maîtrise des dépenses de santé et à la concurrence accrue de la parapharmacie, de la grande distribution, de la vente en ligne et de toutes les sociétés qui vendent des produits hors monopole. Conséquence : bon nombre sont aujourd’hui en difficulté. D’où la nécessité de permettre aux officinaux de lutter à armes égales avec leurs concurrents.

Comment ? « En les autorisant à communiquer efficacement sur les services qu’ils proposent », propose Laëtitia Hible. Une demande d’autant plus légitime que, dans la droite ligne de la loi HPST, communiquer permettrait d’atteindre trois objectifs : « améliorer l’observance, renforcer la prévention en incitant à la consultation et favoriser un suivi efficace des traitements », précise la présidente de Giphar.

Un enseignement tiré d'une étude réalisée par le cabinet Astérès à la demande de trois groupements : Giphar, PHR et Pharmavie. Pour arriver à ces conclusions, la société de conseil dirigée par Nicolas Bouzou s’est inspirée de ce qui se passe dans quatorze pays. « Une meilleure communication contribuerait ainsi à augmenter le taux d’observance moyen des patients de 6 % à 7 %, et donc à baisser les coûts de l’inobservance de 1,2 % à 1,4 %. » Soit, pour les seules maladies de longue durée, près de 41 millions d’euros par an d’économies pour la France.

30 % accidents iatrogènes évités

Une information sur les actions préventives proposées par les pharmaciens placerait par ailleurs ceux-ci en situation de « Gate keeper » et inciterait les personnes non diagnostiquées à consulter (+14 % au Canada). Sans pour autant estimer les économies directement générées, l’étude revendique donc « l’urgence à communiquer sur les services proposés par les pharmaciens - et en particulier les groupements - pour dépister et ainsi améliorer l’efficacité du système de soins ». Un progrès notable, étant donné la faiblesse des dépenses de prévention dans l’Hexagone.

Une communication mettant en valeur les aptitudes des pharmaciens à superviser les traitements des patients s’« avérerait enfin efficace dans l’ensemble des pays observés », en particulier pour prévenir les risques liés à la polymédication et aux accidents iatrogènes, dont 80 % pourraient être détectés et un tiers évité, selon une expérimentation britannique. Soit quelque 60 millions d’euros d’économies annuelles pour la France où 143 000 accidents iatrogènes sont répertoriés chaque année.

Sans compter l’intérêt pour les pathologies chroniques, et en particulier les affections de longue durée (ALD), dans la gestion desquelles le pharmacien joue un rôle central. Avec à la clé 1,3 milliard d’euros d’économies pour trois pathologies : diabète (850 millions d'euros), hypercholestérolémie (170 millions) et HTA (80 millions). Autant d’exemples qui, selon Willy Hodin, suffisent à démontrer combien « la réglementation imposée aux pharmaciens pour limiter la communication est dépassée ». Et le directeur associé de PHR de conclure : « Quand on a peur, on érige des murs ; mais aucun mur n’a permis à l’Humanité d’avancer ! »

 

Stéphane Le Masson

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3298