« J’ai beaucoup consommé le ginseng pendant ma carrière de rugbyman professionnel***, explique Yannick Jauzion. C’est une plante qui renforce le tonus, l’immunité, les fonctions cognitives… »
Une plante qui lui a permis une passionnante reconversion… En effet, au moment de raccrocher les crampons, ce fils de paysans, titulaire d’un diplôme d’ingénieur agricole, décide de se lancer dans la culture du ginseng (Panax ginseng), jusque-là exclusivement produit en Asie. Avec plusieurs associés, il crée en 2010 les Jardins d’Occitanie et cultive, près de Toulouse, ses premiers champs de ginseng. Une plante qui nécessite six années de soins avant récolte !
« Une phytothérapie alternative, locale et sûre »
Parallèlement, l’entreprise s’entoure d’équipes de recherche pour étudier le métabolisme de la plante, mettre au point des techniques préservant la qualité des principes actifs : récolte, lavage et tri manuels (sans produits chimiques), déshydratation à basse température, micronisation en conditions contrôlées…
« Nous voulons proposer au consommateur une phytothérapie alternative, locale et sûre, explique Sylvain Latapie, directeur général des Jardins d’Occitanie. Travailler avec des plantes venues d’Asie, parfois cultivées par des enfants, avec des pesticides interdits… C’est pour nous impensable ! »
Relocaliser la phytothérapie
La jeune entreprise cultive sa différence. S’appuyant sur le cahier des charges de l’agriculture biologique française, elle offre traçabilité, teneur garantie en principes actifs, écoresponsabilité pour ses plantes 100 % cultivées et transformées en France. Une façon de relocaliser la phytothérapie, comme d’autres l’industrie pharmaceutique.
Autre choix majeur : la commercialisation exclusivement en pharmacies : « Qui dit teneur en principes actifs garantis, dit contre-indications possibles, donc nécessité d’un accompagnement par un professionnel de santé : le pharmacien », explique Sylvain Latapie.
Jardins d’Occitanie propose une vingtaine de références de compléments alimentaires et tisanes à base de ginseng, mais aussi spiruline, chlorelle, sauge ou échinacée produits dans ses exploitations (25 ha en Haute-Garonne, dans les Landes et les Pyrénées Atlantiques). Elle emploie 15 salariés, réalise un chiffre d’affaires de 500 000 euros (2020) et vise 1 million en 2021 qui sera le point d’équilibre de cette société qui fourmille de projets : nouvelles utilisations du ginseng (feuilles, baies…), nouveaux produits à base de coquelicot, sauge, échinacée, nouvelles formes galéniques (liquide)…
Enfin la société va étendre son réseau de distribution déjà présent dans toutes les régions françaises, passant de 160 à 300 officines « avec qui nous développerons un partenariat fort sur le long terme, explique Sylvain Latapie. Pour elles, c’est une façon de se différencier en proposant une alternative aux produits de phytothérapie existants ». Partenariat aussi avec des groupements comme Pharma XV, fondé dans le Sud-Ouest par des pharmaciens anciens rugbymen.
* https://www.jardins-occitanie.fr/
** Ginseng asiatique.
*** Une carrière et un palmarès exceptionnels : trois victoires dans le tournoi des six nations avec l’équipe de France, trois titres de champion de France et trois coupes d’Europe avec le Stade Toulousain.