De nombreuses régions ont un sport de prédilection, mais à coup sûr, le demi-fond, 5 km, 10 km, 15 km, semi-marathon, et même le fond (marathon), sont les sports nature les plus historiques et les plus populaires du nord, dans les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais. Willy Nigaut n’est inscrit à vingt-huit épreuves, en 2020, dans un rayon de 30 km autour de son village natal de Bachant (Nord), et les a toutes remportées.
Willy Nigaut est adjoint à la pharmacie de Pont-sur-Sambre, le bourg voisin de Bachant. Il faisait du sport à l’école, n’avait jamais fréquenté un club, jouait au foot « pour rire », avec des copains. Il s’est engagé dans une première course, un 4 km, a fini quatrième, mais a « été repéré par un entraîneur ». C’était il y a dix ans, le sportif est aujourd’hui âgé de 29 ans et licencié à Saint-Amand-les-Eaux.
Des 10 aux 20 km
« Tous les matins, je pars courir une heure et demie, à 6 h 15. Je rentre, je prends ma douche et je pars au travail. Je cours le long du canal, seul, il n’y a jamais d’exception. Le dimanche, on court à trois ou quatre. Je fais mes propres entraînements, mon programme sur un mois, sur trois mois, tout est programmé : je fais des côtes en puissance, de la piste, du fractionné. Et toujours beaucoup de courses : je suis non battu depuis trois ou quatre ans. »
Le jeune adjoint ne court que des 10 km, la distance la plus courue, « où le niveau est très élevé, en particulier pour les sélections au championnat de France ». Une fois, c’est en 10 km cross qu’il a été qualifié sans le savoir : il n’a pas participé et son club a été pénalisé.
Willy Nigaut développe sa vitesse, mais se sait meilleur en course longue. Il s’entraîne sur 20 km, et pense courir encore deux ou trois ans les 10 km, avant « de monter sur le long », d’ici à quatre ans.
Mon métier, c'est top !
Sa compagne, qui le connaît bien, trouve que son corps a fondu, « même de visage. J’ai perdu du poids, mes jambes s’affinent, c’est le fait d’un entraînement adapté ». Ce sportif de haut niveau ne s’est pourtant jamais imposé de régime alimentaire, juste une bonne hydratation. Il a essayé deux fois un régime, et deux fois, il a fait une contre-performance.
« C’est dur de s’entraîner soi-même, reconnaît-il. Sur piste, on se relaie avec d’autres quand c’est dur, les gros entraînements se font aussi avec d’autres coureurs. Seul, il faut veiller à mettre le frein, écouter les signaux d’alerte, avant la blessure. La plupart des coureurs ont du mal à écouter leur corps. Je connais peu de personnes raisonnables, alors que le secret est là. Une sciatique commence dans la fesse, avant la jambe. »
Le confrère dit avoir « tout eu » : tendinite, sciatique, etc. « Ça passe, mais il faut du temps, de l’aide, des massages, des compressions. Avec le temps, je connais mon corps, je fais des prises de sang régulièrement. » Il avait d’ailleurs consacré sa thèse au « rôle du pharmacien dans la lutte contre le dopage ». « Alors, mon métier, c’est top ! », s’exclame-t-il.
D’autres coureurs viennent le voir à la pharmacie de Pont-sur-Sambre, se faire conseiller des pommades, des poches de glace. Lui reste très attaché aux 10 km, qu’il parcourt en 30 minutes et 37 secondes, avec l’objectif de 30 minutes. Il vise aussi de passer plus tard aux 20 km, et qui sait plus tard encore, au marathon !