« Tirez la langue et faîtes ah ! » Avec le fameux « dites 33 », cette requête au patient fait partie des classiques de la consultation médicale. Mais avec l’intrusion de l’intelligence artificielle dans le monde de la santé, ce moyen diagnostique vient de prendre une nouvelle dimension. Des chercheurs de la Middle Technical University, en Irak, et de l’University of South Australia ont en effet eu l’idée de moderniser ce procédé diagnostique très ancien grâce au recours au machine learning. Leur idée, à partir de photographies de langues de patients, a été d’élaborer un modèle algorithmique capable de diagnostiquer avec une très forte probabilité telle ou telle maladie. Car, rappelle les auteurs de l’étude, « la couleur de la langue joue un rôle essentiel dans l'identification des maladies et de leurs niveaux de progression ». Pour y arriver, leur système d'imagerie s’est entraîné sur 5 260 images classées selon sept colorimétries (rouge, jaune, vert, bleu, gris, blanc et rose) à l'aide de six algorithmes d'apprentissage automatique. Le meilleur algorithme – qui s’est avéré fiable à plus de 98 % – a servi à la mise au point du dispositif expérimental utilisé sur des patients à la maladie encore inconnue. La capture en temps réel de l’image de leur langue par une caméra a livré un diagnostic en quelques millisecondes. À chaque fois, ce diagnostic a été vérifié par un médecin de chair et d’os afin d’estimer le taux de succès du programme. Résultat ? Le modèle IA a visé juste dans 96,6 % des cas ! Bien qu’encourageants ces essais se heurtent à un obstacle : les patients sont parfois réticents à tirer la langue et surtout à confier des données médicales à un système informatique. En attendant que le procédé débarque dans vos officines (ce n’est pas pour demain !), vous pouvez déjà vous essayer au diagnostic « couleur de langue » avec le nuancier suivant : langue bleue ? Pensez à l’asthme ; langue rouge ? Et si c’était le Covid-19 ? Langue blanche ? L’anémie n’est pas loin. Langue jaunâtre ? Ne seriez-vous pas diabétique ? Mieux que les voyelles de Rimbaud, non ?
Votre diagnostic au bout de la langue
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Publié le 13/12/2024
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Didier Doukhan
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Source : Le Quotidien du Pharmacien