« Je me définis comme créole, car je suis issu d’un melting-pot », indique Vincent Monestel, pharmacien à Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques). En effet, les ancêtres de ce confrère de 43 ans se rejoignent sur deux points : les voyages et les métiers de la santé. Avec un grand-père pharmacien à Thiès (Sénégal) et un autre médecin militaire, il est le fils d’une pharmacienne née au Sénégal et d’un radiologue aux multiples racines hexagonales, qui ont posé leurs valises à Oloron. Vincent Monestel a en a tiré une inépuisable curiosité pour le monde, les hommes et la nature : « Enfant, j’ai voulu être pilote d’hélicoptère, mais j’étais myope ; travailler à l’ONF, mais les postes les mieux payés étaient dans des bureaux et je voulais être dehors. Médecine ? Je détestais la vue du sang. En fait, je voulais être mon propre patron, gagner correctement ma vie et être libre. » Il rejoint donc… la fac de pharmacie de Bordeaux.
« Les commerciaux m’ont tout appris »
Quelques années plus tard, le décès prématuré de son père pousse sa mère à revenir vers l’officine. Vincent finit ses études et s’associe avec elle pour reprendre une vieille pharmacie d’Oloron : « L’officine n’avait pas de gestion de stocks, pas d’OTC, tout se faisait encore par téléphone, explique-t-il. Et comme les études ne nous apprenaient pas à être un titulaire, j’avais tout à découvrir. Au début, ce sont les commerciaux qui m’ont tout appris. »
Rapidement, il transfère l’officine et, en six ans, met en place merchandising, informatique, étiquettes électroniques, robot, formation du personnel. « C’était une période épuisante, mais géniale, avoue-t-il. Le métier de pharmacien, c’est gérer des problèmes. Moi j’adore trouver des solutions pour mes patients. » Toujours à l’affût de nouveaux challenges, il explique : « Je n’aime pas refaire ce que j’ai déjà fait. J’ai bâti ma pharmacie à ma sauce, créé ma patientèle à mon image, une équipe* qui s’entend super bien… »
Alors, il s’associe avec une préparatrice, pour créer un magasin de matériel médical. En 2012, il investit dans une officine de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques) avec une jeune pharmacienne. Il s’implique ensuite pendant trois ans, dans un projet de Maison de Santé, avant de jeter l’éponge, fatigué du manque d’entente entre professionnels de santé.
Désormais, il envisage de prendre des responsabilités nationales au sein du groupement WellPharma : « Je suis un coopérateur dans l’âme, je n’aime pas l’actionnariat, les fonds de pension… Je crois que les groupements ont une vraie carte à jouer, mais nous ne sommes pas encore assez puissants et fédérés pour peser face aux laboratoires. »
Rencontres du bout du monde
Vincent Monestel a aussi une vie hors de l’officine. Là, il donne libre cours à sa passion des voyages hors des sentiers battus touristiques, dans des bouts du monde sauvages, entre déserts et forêts, où domine la nature : Indonésie, Papouasie, Madagascar, Namibie, altiplano argentin… Dormant chez l’habitant, il initie ses deux filles à cette façon de rencontrer l’autre : « C’est aussi pour ça que j’ai fait pharmacie, souligne-t-il, pour pouvoir voyager… » Il a d’ailleurs instauré la semaine de 4 jours dans son officine. Ce qui lui laisse aussi du temps pour arpenter ses chères Pyrénées, lors de randonnées à pied, en ski ou en VTT : « Il peut m’arriver de partir seul, explique-t-il. Je monte en haut d’un pic et je m’arrête pour observer la nature. Ça n’a pas de prix ! » Pharmacien hyperactif, Vincent Monestel sait aussi être un contemplatif. C’est peut-être le secret de son équilibre.
* 5 préparateurs, 3 pharmaciens, 1 employé back-office.