Certains indices le faisaient penser, les chiffres rapportés par les épidémiologistes le confirment.
L'épidémie de grippe dans l'hémisphère sud aura été plutôt discrète. À la Réunion, où la campagne de vaccination antigrippale a été légèrement décalée - de juin à septembre au lieu d'avril à juillet habituellement - l'épisode infectieux de saison s'est à peine fait sentir. À l’exception d'une petite reprise épidémique au moment de la rentrée scolaire à la mi-août. Laurent Geiger, titulaire à Saint-Denis et président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) de la Réunion le confirme au « Quotidien » : « Il y a eu très peu de cas de grippe cet hiver (de juin à septembre, NDLR). Notamment du fait du confinement pendant lequel les crèches et les écoles étaient fermées. Indéniablement, nous avons eu une épidémie plus faible que d'habitude. »
Après le confinement, l'application des mesures barrières est sans doute l'autre cause de cette épidémie à bas bruit. « Même les petites infections ORL et gastro-entérites de l'hiver ont été rares. Nos faibles ventes de Fervex et d'antidiarrhéiques en témoignent », rapporte le titulaire. Une faible circulation du virus grippal qui rappelle celle, également modeste, constatée en Australie. Et qui peut faire présager d'une saison grippale, côté hémisphère nord, elle aussi discrète.
Plus de vaccinations, mais peu de ruptures
Si l'épidémie a été plutôt douce à la Réunion, la campagne de vaccination a été, elle, plus nerveuse… « Comme en métropole, on a plus vacciné, et plus tôt », déclare Laurent Geiger. Soit, pour sa propre officine, « 40 à 50 % de plus que la saison précédente ». Proportionnellement toutefois moins qu'en métropole. Mais, à la différence de la métropole qui subit déjà les premières tensions d'approvisionnement, les pharmaciens réunionnais n'ont pas eu à souffrir de rupture sur leur stock de vaccin. « Mise à part une courte rupture fin août, témoigne le président de l'USPO de La Réunion, qui a d'ailleurs vite pris fin avec l'arrivage par avion d'un nouveau stock fabriqué par Sanofi. » Il faut dire qu'à La Réunion, ce sont les grossistes qui distribuent les précommandes de vaccins puis assurent le réassort en cas de besoin, au fil de l'eau, précise-t-il.
Autre différence avec l'Hexagone : « Chez nous, il n'a pas été question de priorisation. Nous avons donc servi tout le monde indifféremment », indique Laurent Geiger, qui rapporte au passage un petit « bug » de livraison des bons de vaccin en début de campagne. « Comme il y avait très peu d'avions en provenance de la métropole durant le confinement, et que les bons y sont imprimés, les patients-cibles sont venus à l'officine avec un peu de retard. Pour ceux qui s'impatientaient, nous avons toutefois édité les bons dans les pharmacies. »