Depuis plus de deux mois, les candidats au concours de l’agencement de la pharmacie de demain planchent sur l’aménagement et l’équipement d'une officine fictive baptisée « la pharmacie du pôle » (voir l'encadré).
Parmi eux, Xavier Mosnier Thoumas a déjà affûté les arguments pour défendre son projet : « Je vais être très attentif à l’équilibre entre les services que la pharmacie peut et va pouvoir déployer dans les années à venir. » Pour ce pharmacien girondin, créateur de Mesoigner.fr, pas question de transformer la pharmacie de demain en une série de salles d’entretien : « Je veux avant tout proposer des parcours intelligents, qui s’adressent autant aux personnes fragiles ou malades qu’aux personnes venant rechercher une solution de bien-être. Sans dévoiler mon projet, je peux déjà vous confier que la pharmacie du pôle telle que je la conçois disposera d’un espace dédié à l'accueil et à l'orientation des visiteurs dès leur entrée. »
Les enseignements de la crise sanitaire nourrissent la réflexion
Pour ce concours, Xavier Mosnier Thoumas a décidé de participer seul : « Mais je me nourris des réflexions que j’ai avec mon équipe depuis plusieurs mois. La crise sanitaire que nous venons de traverser a montré que nos officines n’étaient pas structurellement adaptées pour de nouveaux services. Pour y pallier, nous avons dû trouver en urgence des solutions provisoires, comme des barnums par exemple. Il faut maintenant inscrire ces nouveaux services dans le dur, pour réussir à valoriser les nouveaux rendez-vous santé prévus par la convention 2022. » Une évolution orchestrée autour des nouvelles missions, sans délaisser les segments de marché traditionnels : « Pour moi, la parapharmacie est un service de l’officine au même titre que les entretiens d'accompagnement ou la vaccination. Il revient à chacun de trouver un équilibre entre ces services médicaux ou dédiés au bien-être. »
Un back-office réduit et un univers digital à exploiter
Xavier Mosnier Thoumas a également une idée très précise du back-office dont il souhaite doter la pharmacie du pôle : « L’optimisation du back-office est fondamentale pour que l’espace client/patient fonctionne efficacement. Un de mes leitmotivs est de réduire la superficie de ce back-office. On dispose de nombreuses solutions aujourd’hui pour y arriver, dont l’automatisation ou la digitalisation. En outre, un certain nombre de tâches peut être transféré en front office. L’avantage de cette configuration est de favoriser la présence de l’équipe dans l’espace clientèle. » D’ailleurs, le confrère ne limite pas son projet à la seule pharmacie physique. « Je souhaite appliquer la notion de phygitale, qui valide la complémentarité de l’espace physique et de l’espace digital », confie le créateur de Mesoigner.fr.
Un concept en totale rupture avec le modèle traditionnel
Tout comme son confrère de Nouvelle-Aquitaine, Jean-Patrice Folco participe seul au concours de l’agencement de la pharmacie de demain. « Je pense avoir été le premier inscrit », plaisante ce pharmacien installé près de Grenoble. Pour lui, participer à ce concours est une évidence : « Dans la réalité, je suis en cours de transfert et j’ai fait le pari de créer une pharmacie de quartier dans un centre commercial. En outre, ce concours me donne l'occasion de présenter et défendre un concept d’officine que je développe depuis plusieurs années, et dans lequel la démarche qualitative prime sur l’aspect quantitatif. Il ne suffit pas de dire que le pharmacien est compétent : il faut afficher et montrer clairement ces compétences. » Le projet présenté par Jean-Patrice Folco promet d’être en rupture avec le modèle traditionnel : « Je pense que les agencements proposés actuellement ne correspondent pas du tout à la réalité et à l’avenir de l’activité officinale. On nous propose un agencement monolithique, dans lequel on fait la part belle à l’offre hors monopole sous prétexte que c’est générateur de chiffre d’affaires. Cependant, cette démarche repose sur une analyse erronée de l’économie officinale. Je défends plutôt un autre concept : pour augmenter la rentabilité, il faut diminuer l’offre produits (autres que les médicaments). »