Éloïse Lecacheur et Romain Malbranque ont réussi à fédérer la quasi-totalité des professionnels de santé de Malaunay (Seine-Maritime), une ville de près de 6 000 habitants, au nord de Rouen. Après des années d’efforts, la construction de leur cabinet médical démarre courant février, en plein centre-ville, attenant à leur officine. L’ouverture est prévue pour début 2024.
Éloïse Lecacheur et Romain Malbranque sont titulaires associés à la Pharmacie du Parc, depuis le 8 janvier 2018, après plusieurs postes d’adjoint. Mais alors qu’ils reprennent la Pharmacie du Parc, trois des huit médecins de Malaunay partent à la retraite, non remplacés. La commune a beau appartenir à l’agglomération de Rouen et être desservie par les transports en commun, les jeunes médecins veulent rester à Rouen.
« L’ancien titulaire de la pharmacie avait acheté les murs, de même qu’un terrain attenant de 900 m2, ainsi que des garages inutilisés (sauf pour les tests et les vaccins pendant le Covid), précise Éloïse Lecacheur. Le maire, Guillaume Coutey, a toujours cherché des solutions possibles, et nous avons continué parce qu’il était là. »
Travailler ensemble
Très vite, en effet, les deux associés conçoivent l’idée d’un cabinet médical, et y associent d’autres professionnels de la commune. Le maire met à disposition une salle pour les réunions, auxquelles il assiste ; c’est la mairie qui envoie les invitations. Presque tous les professionnels les rejoignent. À l’autre pharmacien de la commune, franchement hostile à l'initiative, le maire rétorque qu’il s’agit d’un projet privé auquel il ne peut s’opposer ! Le confrère se ralliera plus tard.
Des médecins aussi s’opposent. Les deux pharmaciens leur font comprendre que tous les professionnels peuvent travailler ensemble, même n’étant pas sous le même toit.
Le terrain est inondable à cause du Cailly, un ruisseau qui déborde parfois : construire semble impossible. Le maire fait valoir que la construction remplace des garages existants, il s’agit donc d’une « re » construction, le permis peut être accordé.
SISA et MSP
Éloïse Lecacheur et Romain Malbranque ont pris en charge l’immobilier, 1,2 million d’euros, en continuant de rembourser l’achat de l’officine. « Nous avons bien été soutenus pour ce projet, c’est bien agréable », convient Romain Malbranque. Éloïse Lecacheur se rappelle sa timidité à diriger des réunions. Mais cela est maintenant dépassé par la réalité. L'ensemble comprendra neuf cabinets, dont sept ont déjà reçu une lettre d’intention : deux médecins déjà en ville, une gynécologue, une sage-femme, un psychologue, deux cabinets de deux infirmières. Les deux confrères cherchent encore deux médecins. Et rappellent que les autres professionnels de la ville, kinés, médecins, dentistes, tous présents aux réunions de préparation, travailleront avec ceux du cabinet.
Une société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA) se constitue, que présidera la gynéco. L’agence régionale de santé (ARS), la caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM), le département et la région doivent permettre la rédaction d’un projet de santé, et faire du cabinet une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) ; il est prévu qu’au moins un des médecins devienne maître de stage pour accueillir des remplaçants. La mairie a pris contact avec le CHU pour envisager la venue de spécialistes.
Beaucoup reste à faire. « On est porteurs du projet, disent ensemble Éloïse Lecacheur et Romain Malbranque, mais on ne dit pas aux médecins ce qu’ils doivent faire : ils resteront à la base du projet, c’est à eux de faire leurs choix. » Tout en rappelant que le cabinet sera surmonté d’une terrasse avec vue sur le parc voisin « réservée au personnel ! ».