En 2019, on a dénombré environ 229 millions de cas de paludisme dans le monde et près de 409 000 décès, dont 260 000 enfants de moins de 5 ans et 10 000 décès de femmes enceintes. Les populations d’Afrique, très exposées, finissent par développer une immunité acquise naturellement contre plasmodium falciparum. Mais, cette immunité n’est acquise qu’à l’adolescence au prix d’une mortalité infantile élevée.
« L’élaboration d’un vaccin contre le paludisme est un processus difficile et long. Les raisons en sont nombreuses : plasmodium falciparum est un parasite complexe avec plusieurs hôtes et un grand nombre de cibles, les antigènes sont souvent très compliqués à produire, l’immunité naturelle contre les formes cliniques met du temps à se développer et il existe une grande variabilité antigénique », explique Benoit Gamain (directeur de recherche au CNRS, UMR-S 1134).
Une nouvelle arme à ajouter aux mesures de prévention
Le premier vaccin qui vient d’être approuvé est celui de GSK, RTS,S (Mosquirix) qui agit contre le stade pré-érythrocytaire du cycle du plasmodium falciparum. L’objectif est d’empêcher la libération de mérozoïtes dans le sang. Son développement s’est effectué sur une trentaine d’années. Il peut être administré aux enfants âgés de 6 semaines à 17 mois vivant en zone d’endémie. Trois premières doses sont administrées tous les mois, la quatrième (dose de rappel) entre 15 et 18 mois.
« D’après les études, ce vaccin prévient 40 % des cas de paludisme et 30 % des formes sévères. Avec son efficacité limitée, ce n’est pas encore le vaccin idéal… C’est une nouvelle arme qui vient s’ajouter aux différentes méthodes de prévention », précise Benoit Gamain. Cela est confirmé par une étude récemment publiée dans le « New England Journal of Medicine », l’association du vaccin et du traitement préventif (chimioprophylaxie) procurerait une protection bien supérieure contre les accès palustres (63 %)*.
Les recherches se poursuivent pour essayer de trouver un vaccin plus efficace. D’ici à 2030, l’OMS a pour objectif d’avoir un vaccin contre le paludisme efficace à 75 %.
Les nombreuses pistes de recherche
De nombreux candidats vaccins sont actuellement à l’étude. Parmi eux, le vaccin R21 dont les premières données de phase 2, récemment publiées dans le « Lancet »** sont prometteuses. Il atteint un taux d’efficacité contre le paludisme de 77 % chez les enfants.
« Un autre vaccin destiné à prévenir le paludisme de la femme enceinte, VAR2CSA est à un stade de développement clinique. Il sera à administrer aux jeunes filles avant leur première grosses car ce sont les primipares qui sont le plus à risque. L’immunité au paludisme gestationnel est acquise en fonction du nombre de grossesses », indique Benoit Gamain.
D’autres vaccins contre les stades sanguins asexués sont testés. Ils visent à empêcher l’invasion des hématies et l’évolution vers des formes potentiellement graves. Les principaux antigènes candidats vaccins ayant atteint le stade des essais cliniques sont MSP-1 (Merozoite Surface Protein), MSP-3, AMA-1 (Apical Membrane antigen-1)…
« Enfin, la troisième voie est celle des vaccins bloquant la transmission avec des anticorps dirigés contre des antigènes des stades sexués de plasmodium falciparum. Ces vaccins entrent ces temps-ci en première étape d’essais cliniques… La route est ainsi probablement encore longue », conclut Adrian Luty (directeur de recherche à l’IRD UMR 261 MERIT).
* B. Greenwood et al. Seasonal vaccination with RTS, S combined with seasonal malaria chemoprevention NEJM 09/09/21.
** V.Moorthy et al. Efficacy of a low dose candidate malaria vaccine R21, in adjuvant Matrix-M, with seasonal administration to children in Burkina Faso : a randomised controlled trial. Lancet 05/05/21.
D’après une conférence de presse virtuelle ANRS /ITMO 13M (Inserm-Aviesan).